Les ados kiffent la « puff »

Interdite aux mineurs, la cigarette électronique rechargeable, ou 
« puff », est pourtant largement consommée par les collégiens et lycéens. Elle peut constituer un premier pas vers le tabagisme.

Claire Brugier

Le7.info

Selon un sondage de l’Alliance contre le tabac, 13% des adolescents avaient déjà utilisé une cigarette électronique jetable en 2022. Et la Vienne ne fait pas exception. Bien qu’interdite aux mineurs, la « puff » 
-nom générique emprunté à la marque Wpuff- fait fureur auprès des collégiens et des lycéens. Il faut dire qu’avec ses emballages colorés, son prix autour de 10€ -selon le modèle, le nombre de bouffées, etc.- et ses parfums improbables tels que mangue glacée, ice cream cookie ou café latte, elle a tout pour plaire. « Il faut garder à l’esprit que ces outils sont créés par l’industrie du tabac dans la perspective de susciter ou d’entretenir les consommations », met en garde le 
Dr Marc Besnier, qui travaille avec le Pr Jaafari, du centre Laborit, sur la question des addictions. Malheureusement le stratagème fonctionne et la 
« puff » se révèle être 
« une très bonne porte d’entrée dans la consommation tabagique ». Ce constat a incité Francesca Pasquini,
députée EELV des Hauts-de-Seine, à déposer une proposition de loi pour faire interdire la cigarette électronique jetable en France. Début mai, le ministre de la Santé François Braun s’est dit favorable à cette mesure, déjà en vigueur en Belgique, en Allemagne et en Irlande.

« Faire comme 
tout le monde »

« Avec les cigarettes électroniques, on crée l’habitude par le conditionnement, notamment chez les adolescents, explique le Dr Besnier. La construction cérébrale se poursuit jusqu’à 25 ans. 
Avant, ces consommations altèrent les circuits du cerveau, les habitudes vont s’y ancrer. » 


A ce processus physiologique s’ajoute « un aspect social important ». L’expérience d’Elena, 16 ans, le confirme. « En 3e, des 
copines avaient des cigarettes électroniques jetables. J’ai voulu faire comme tout le monde, alors j’en ai acheté une sur Internet parce qu’aller dans un bureau de tabac me faisait peur. » Ni vue, ni connue. « En 2nde, je suis passée à la cigarette classique, puis à la cigarette électronique rechargeable car cela me coûtait cher. » Actuellement, la jeune fille essaie de limiter sa consommation. Pour sa santé ? Non, pour son portefeuille. « Je suis encore jeune, j’ai la vie devant moi et tout le temps pour arrêter ! », lâche-t-elle avec sincérité. 


« Les adolescents n’ont pas la même représentation que les adultes de ces consommations et chez eux l’aspect environnemental est prédominant », précise le Dr Besnier. L’accompagnement, par les parents et les soignants, doit donc être adapté. « Le contexte de consommation est difficile à casser. Il est important d’aborder la question de façon neutre et bienveillante, d’ouvrir le dialogue, conseille le spécialiste. Ce ne doit pas être un tabou. On doit aussi aller chercher les comorbidités comme des troubles du sommeil, de l’anxiété… »

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