Violences urbaines : à l’heure des comptes

Le bilan des violences urbaines perpétrées en fin de semaine dernière en réaction à la mort de Nahel, à Nanterre, est lourd dans de nombreuses villes de France mais aussi à Poitiers et Châtellerault.

Le7.info

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Quatre nuits d’incendies 
et de pillages

Le bilan des violences urbaines perpétrées entre le 29 juin et le 3 juillet à Poitiers et Châtellerault est lourd. Les dégâts matériels, liés à des incendies volontaires (118 au total) et à des pillages, sont importants. Pas moins de 28 véhicules voitures et fourgons- et plus de 60 poubelles ont été incendiés, et 27 bâtiments -commerces, banques postales, bureaux de polices, médecine scolaire…- ont été saccagés et/ou brûlés. Tragique bilan d’émeutes urbaines qui, à Poitiers, se sont concentrées dans la nuit du 29 au 30 juin à Beaulieu, Bel-Air, aux Trois-Cités et aux Couronneries. Dans le détail, trois bureaux de police ont été dégradés, dont un totalement incendié aux Trois-Cités, tandis que ceux de Bel-Air et des Couronneries ont subi l’assaut de voitures béliers incendiaires. La mairie annexe des Trois-Cités a brûlé, ainsi que les locaux de la médecine scolaire et de la banque postale du quartier, comme celle des Couronneries. A Châtellerault, les émeutiers ont notamment mis le feu à l’espace commercial d’Ozon. Dans le quartier, les incidents se sont prolongés les nuits suivantes, avec huit voitures et fourgons incendiés rue Emile-Georget ce week-end et plusieurs feux de poubelles. A ces chiffres s’ajoutent les innombrables tirs de mortiers d’artifice qui ont visé les forces de l’ordre et les secours durant ces quatre nuits.

Neuf individus incriminés

La réponse judiciaire n’a pas tardé. Entre jeudi et dimanche, neuf individus ont été interpellés et placés en garde à vue, dont trois mineurs. Un majeur en grande récidive, interpellé en possession d’un fusil à canon scié et sous le coup d’une comparution immédiate, a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Vivonne avant sa présentation lundi devant le tribunal correctionnel de Poitiers. Trois individus pris en flagrant délit de pillage feront l’objet d’une convocation ultérieure devant le tribunal et deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Deux dossiers ont été classés sans suite et un dernier est passible d’une contravention. Un dernier individu est poursuivi pour port d’une tenue dissimulant son visage dans l’espace public.

Des forces de l’ordre mobilisées
Une centaine de policiers, gendarmes et pompiers se sont mobilisés au cours de la première nuit d’émeutes, celle de jeudi à vendredi à Poitiers et Châtellerault. Le lendemain, le dispositif des forces de l’ordre s’est étoffé avec le renfort d’une demi-compagnie de CRS, portant les effectifs à 
110 personnes, hors pompiers mais avec la présence de deux pilotes de drone. Six caméras de vidéosurveillance ont en effet été détruites aux Couronneries. Depuis le week-end dernier, la préfecture de la Vienne n’a pas communiqué sur les chiffres mais la vigilance reste élevée pour prévenir tout nouveau débordement, a fortiori dans le quartier d’Ozon, à Châtellerault, où s’est rendu le préfet Jean-Marie Girier dimanche.

Au soutien des commerçants
Dès vendredi, la présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat Karine Desroses et le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne Benjamin Massé se sont rendus sur le terrain, à Poitiers et Châtellerault, pour apporter leur soutien aux commerçants. Les deux chambres consulaires veulent faciliter les démarches administratives à leurs ressortissants, notamment l’obtention du chômage partiel pour leurs salariés et le déclenchement des assurances. « Certains ont perdu le travail d’une vie, déplore Karine Desroses. Ils sont victimes de la situation car ils n’ont rien à voir dans cette histoire (la mort de Nahel, ndlr) ». Et de citer le boulanger de la place de Provence, aux Couronneries, qui songeait à passer la main. Un guichet unique mis en place par la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités est actif depuis lundi. A noter que dès vendredi, le gérant d’un magasin de téléphonie, à Bel-Air, a posté un message sur les réseaux sociaux pour trouver un nouveau local.

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