L’abbaye de Saint-Savin, l’unique

Remettre la lumière sur ce qui fait de l’abbaye de Saint-Savin l’unique site de la Vienne classé au patrimoine mondial de l’Unesco, telle est la mission que s’est fixée son directeur Jean-Luc Dorchies.

Claire Brugier

Le7.info

Elle est LE site Unesco de la Vienne mais sa richesse historique et patrimoniale n’a d’égale que sa discrétion. L’abbaye de Saint-Savin coule des jours -trop- paisibles au bord de la Gartempe qui l’a vue naître et renaître maintes fois. « On parle d’un joyau du Moyen Âge mais de cette période il ne reste que l’abbatiale », précise Jean-Luc Dorchies, soucieux de redonner à la vieille dame, qui abrite « le plus grand cycle de peintures murales conservé en Europe », l’aura qu’elle mérite aux yeux de ses riverains comme de ses visiteurs de passage. Depuis son arrivée en février 2024, le directeur n’a de cesse de mettre en lumière le caractère unique et singulier du site. Prosper Mérimée ne 
s’y était pas trompé qui, en 1940, alors que l’abbaye était occupée par la gendarmerie (de la Révolution à 1972), l’a inscrite au titre des Monuments historiques. Puis c’est l’Unesco qui l’a prise sous son aile en 1983. « Mais cela reste un patrimoine fragile. »


Fondée vers 800, l’abbaye a connu la Guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècles), a été démantelée au XVIe siècle puis reconstruite au XVIIe… Sans oublier sa flèche, foudroyée en 1820. « On ne soupçonne pas combien son histoire a été dramatique », 
martèle Jean-Luc Dorchies, citant notamment le personnage d’Henri de Neuchèze, « un soudard installé dans l’église qui terrorisait la région »…

Nouveau parcours 
de visite

Le parcours de visite est en cours de réaménagement. Le premier chantier a permis de redonner au « réfectoire des moines » son aspect originel. La salle capitulaire abrite désormais une exposition permanente sur l’histoire de l’abbaye et laisse apparaître, dans le sous-sol, la tombe médiévale d’un certain Aymeri de Ceragyl, déterrée une première fois à la faveur de travaux d’installation du chauffage menés en 1978, puis à nouveau ensevelie sous le dallage jusqu’à peu. Le deuxième chantier va concerner, à l’étage, les cellules des moines. Aujourd’hui centre d’interprétation sur le Moyen Âge, elles sont vouées à accueillir des expositions temporaires avec, dès l’an prochain, un focus sur l’Arche de Noé -peinte sous la voûte de l’abbatiale- et le récit du déluge dans tout ce qu’il a d’universel et d’actuel. « Notre objectif est de faire venir et revenir les gens, de leur rappeler la rareté et la qualité du site », souligne Jean-Luc Dorchies. Au programme donc des mois à venir, rien qui ne soit directement en lien avec le lieu : les concerts illustreront la remarquable acoustique de l’abbatiale, les conférences mettront l’accent sur la richesse historique et patrimoniale du site, tout comme les visites théâtralisées et musicales, un nouvel escape game… « L’objectif est de raconter son histoire à travers des objets, de surprendre, d’amuser, de donner à voir autre chose. » Même si, assure le directeur, « la meilleure façon d’entrer dans le lieu, c’est la visite guidée ».

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