Alain Fouché, Jet privé <br>et mémoire sélective

Quand le sénateur Alain Fouché s’insurge contre les «manquements» du ministre des Affaires étrangères, c’est tout l’appareil UMP qui s’ébranle. Et la Vienne « républicaine » qui s’interroge…

Nicolas Boursier

Le7.info

Il s’est mobilisé contre les retraites chapeaux. Décarcassé pour l’assouplissement du permis à points. Défoncé pour la reconnaissance du droit à mourir dans la dignité. Le voila qui se dresse aujourd’hui en défenseur de la «morale républicaine». 

De sa chaire sénatoriale, Alain Fouché fait feu de toutes parts. Mais cette fois-ci, ce n’est ni pour soumettre un amendement, ni pour impulser une loi. Mais pour planter ses crocs dans les mollets du pouvoir. 

Ceux de Michèle Alliot-Marie sont déjà bien lacérés. Doux euphémisme ! L’« escapade tunisienne » du ministre des Affaires étrangères n’a sûrement pas fini de brasser la mélasse. Alain Fouché s’est permis d’en remettre une couche. Et quelle couche ! « La réputation d’indépendance de notre politique étrangère ne peut que souffrir de pareils manquements », s’est-il ainsi indigné lundi, dans une question écrite adressée au Premier ministre. De son propre avis, « la morale républicaine se trouve gravement offensée, alors même qu’en ces temps de crise profonde, des sacrifices de toutes sortes sont demandés à nos concitoyens ». 

 

Embarquement pour Turin

 

L’attaque, aussi inattendue que vive, laisse perplexe. Quelle mouche a donc piqué  l’ancien président du Département ? Sans doute a-t-il toute sa conscience. Mais d’aucuns, en réaction à cette missive ministérielle, affirmeront qu’il a perdu la mémoire. Ou sciemment mis de côté cet épisode de mars 2006, au cours duquel il fit usage d’un Jet privé pour un aller-retour express entre Poitiers-Biard et Turin. Aux frais du contribuable. Et trois jours seulement après que le Canard Enchaîné eut révélé qu’une dotation de 300 000 €, pour l’organisation d’une soirée de boxe poitevine, n’avait été soumise à aucune délibération du Conseil général.

Après tout, peut-être l’accompagnement du gadin olympique de Brian Joubert méritait-il, ce jour-là, de faillir à « la morale républicaine ». Tout juste eût-il été plus judicieux de ne pas en raviver le souvenir. 

 

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