Mamans, donnez votre sang !

Le 24 juin prochain, sera inaugurée, au CHU de Poitiers, la première banque de sang placentaire de la région. Mamans, sachez-le. En acceptant qu’une simple ponction soit effectuée, après naissance du bébé, sur votre cordon ombilical, vous pouvez sauver des vies.

Nicolas Boursier

Le7.info

 « Juin, mois du don de sang ». La nouvelle ne pouvait trouver meilleur effet d’annonce que cet appel à la générosité populaire. 
Le 24, la première banque régionale de sang placentaire poussera officiellement son premier cri. Portant en elle l’espoir de toute une filière d’offrir aux indispensables greffes de moelle osseuse et de cellules souches une alternative thérapeutique durable et reconnue.
Porté par le CHU de Poitiers et l’Etablissement français du Sang, le projet s’est officieusement concrétisé, le 27 avril dernier, dans le premier prélèvement jamais pratiqué, à Poitiers, sur un cordon ombilical. Une trentaine ont suivi jusqu’à ce jour. Pourquoi le cordon ? Christine Giraud, hématologue et responsable de la nouvelle unité, se veut aussi claire que possible : « Le système immunitaire d’un nouveau-né est immature. Avec un sang de cordon, tout aussi immature, il est tout à fait possible d’envisager une greffe sur un receveur affichant des caractéristiques génétiques différentes. Pour tous les malades qui sont dans l’attente d’une telle greffe, cette compatibilité quasi-universelle est une vraie source d’espoir. »

Cinq minutes sans contrainte

La pratique ne requiert aucune contrainte pour la maman. « Elle doit simplement donner un consentement écrit avant l’accouchement et présenter toutes les garanties d’une grossesse sans problème, poursuit Christine Giraud. Jusqu’au bout, nous effectuons des contrôles biologiques, pour nous assurer qu’il n’y a pas de terrain bactériologique ou viral. » Et après ? C’est l’affaire de cinq minutes.
Juste après la naissance et la rupture du cordon, la sage-femme désinfecte l’ombilic et le pique, le malaxant si le flux n’est pas assez dense.. « Sur cent cordons prélevés, seule une trentaine intègrera, à terme, la banque de sang, éclaire le Dr Giraud. Dans un souci d’efficacité maximale, nous ne retenons en effet que les unités égales ou supérieures à 80 ml de cellules hors anticoagulant. Puis celles présentant la bonne quantité de cellules souches. » Au final, l’unité de sang placentaire est réduite à 25ml, placée dans des petites boites de fer plates, avant mise en congélation. « Ainsi conditionnées, ces « USP » prennent dix fois moins de place que de la moelle osseuse. » 

Sages-femmes en formation

Dès la fin de l’année 2010, la banque du CHU espère s’enrichir de trois cent cinquante « petites boites » de ce genre. De sept cents en 2012. Et de mille l’année suivante. Soit le seuil d’autogestion financière de la structure.

Le pari est alléchant. Mais il est loin d’être gagné. Car le prélèvement placentaire est encore méconnu. Christine Giraud n’y tient plus. « Ce projet, ce n’est pas le mien, mais celui de toute la filière médicale. Des généralistes, qui doivent être mieux sensibilisés aux examens prénataux, à l’unité mère-enfant du CHU, au pôle de biologie, au service d’hématologie… Et à toutes les maternités de la région. » 
Dans ce cadre précis, une vaste campagne d’«éveil des consciences » a été lancée, qui doit permettre à une majorité de sages-femmes de se familiariser avec l’acte de prélèvement. Les professionnelles du Fief de Grimoire vont très prochainement être formées. Suivront celles des CHU de Tours, Châtellerault et Angoulême en 2011, de Vinci Tours, Orléans et Niort en 2012, de Saintes, La Rochelle et La Roche-sur-Yon en 2013. Comme le dit si bien Christine Giraud, « la machine est lancée ». La vie de milliers de receveurs dépend désormais de la vitesse à laquelle elle saura avancer.

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