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Ces derniers jours, les standards téléphoniques des artisans de la Vienne chauffent. Avant un retour au calme plat ? Quoi qu’il en soit, les particuliers n’ont plus que quelques semaines -jusqu’au 30 juin- pour déposer une demande d’aide auprès de l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat (Anah) pour toucher MaPrimeRénov’. Le gouvernement a en effet annoncé à la surprise générale la suspension de la plateforme jusqu’au 15 septembre, officiellement en raison du nombre de dossiers frauduleux supposés (12% des demandes). Dans la Vienne comme ailleurs, la décision laisse les patrons du bâtiment sans voix. « C’est un coup de bambou auquel on ne s’attendait pas, une décision brutale et non concertée, soupire Benoît Jacquemin, président de la Fédération française du bâtiment de la Vienne (FFB86). Plus de 80% de nos adhérents sont des artisans directement concernés. »
Changement d’ouvrants ou rénovation d’ampleur, tous les projets risquent d’être retardés voire annulés faute de coup de pouce financier. Pour les ménages modestes, jusqu’à 80% de la facture. De quoi affecter encore un peu plus les professionnels du bâtiment. Et pour cause, « 50% du marché concerne la rénovation et MaPrimeRénov’ est sollicitée dans 55% des projets, une part qui augmente », détaille le dirigeant de Lumelec, entreprise d’électricité à Neuville. Les fraudes ? « Elles ne concernent pas nos adhérents mais plutôt ceux qu’on appelle les marchands de rêve. Ceux-là pénalisent les autres et font que la visibilité d’ici la fin de l’année va être réduite pour beaucoup. »
Dotée d’une enveloppe de 3,6Md€ -1,3Md€ consommés à l’échelle nationale-, MaPrimeRénov’ agit auprès de beaucoup de particuliers comme un tremplin pour réaliser des travaux d’économie d’énergie. L’année 2024 a déjà été compliquée en raison d’un changement de modalités d’attribution, mais les nouvelles règles en vigueur depuis avril 2024 ont été bien perçues. « Sauf sur la question du MAR (Mon accompagnateur rénov’, ndlr’), corrige Carine Courtaudière, secrétaire générale de la FFB86. Au départ, il n’y en avait que deux dans la Vienne, ils sont aujourd’hui sept-huit pas plus. » L’autre difficulté pour les acteurs du bâtiment concerne les délais d’instruction et de paiement de l’Anah jugés « trop longs ». « Quatre voire sept mois, ça tend les trésoreries », assure Benoît Jacquemin.
Conséquence ou pas, le marché de l’entretien-rénovation s’est contracté au premier trimestre 2025 dans le département avec une baisse de l’activité évaluée à 0,7%. Côté emploi, la Vienne ne compte plus que 5 900 salariés. La Fédération française du bâtiment évalue à 10 000 le nombre d’emplois menacés en Nouvelle-Aquitaine. « On est fatigués... », résume Benoît Jacquemin.
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