Une vie comme les autres

Un Objet cinématographique non identifié, tel est l’effet produit par Life of Chuck, le nouveau long-métrage de Mike Flanagan inspiré d’une nouvelle de Stephen King. Le réalisateur y filme à rebours la vie d’un homme ordinaire.

Claire Brugier

Le7.info

Life of Chuck. Ou, littéralement, la vie de Chuck. Tout est dit dans le titre et, à la fois, rien ne l’est vraiment. Mais qui donc est ce Chuck ? Inspiré d’une courte nouvelle de Stephen King, le nouveau long-métrage de Mike Flanagan s’ouvre sur un poème de Walt Whitmann, Chant de moi-même. Le texte, foisonnant, est assurément un indice sur le message porté par ce film déroutant et attachant, sorte de fable sur l’existence moins aléatoire qu’il n’y paraît de prime abord. 

Se servant des codes pour mieux les déjouer, Life of Chuck braque les projecteurs sur la vie de Charles Krant découpée en trois actes, de la mort à l’enfance -dans cet ordre précisément. Mais qui donc est ce « Chuck » ? Un homme ordinaire à la vie extraordinaire -sous-entendu : comme toutes les vies- incarné adulte par un remarquable Tom Hiddleston et enfant par un Benjamin Pajakl non moins talentueux. 

Il faut en convenir, le premier tableau -l’acte III donc-, illustré d’incendies, de tremblements de terre, de suicides, de peste bubonique et d’explosions célestes, est particulièrement anxiogène. Quasi apocalyptique, il plonge le spectateur dans un abîme de confessions et de réflexions politico-philosophiques tandis que Chuck se meurt sur un lit d’hôpital. Le deuxième acte, plus lumineux, permet de faire connaissance avec ce comptable à la ville et danseur à la vie. Enfin le dernier tableau -l’acte I- éclaire l’enfance de cet orphelin élevé par ses grands-parents. Libre au spectateur, entre des scènes de danse particulièrement réussies, de rassembler les pièces du puzzle, de repérer les connections qui cimentent cette vie d’homme ordinaire conscient de son inéluctable finitude. Chaque existence est unique et doit être vécue comme telle, semble clamer cet Objet cinématographique non identifié, émouvant et joliment réalisé. Une expérience inédite.

Drame, de Mike Flanagan, avec Tom Hiddleston, Mark Hamill, Chiwetel Ejiofor (1h51).

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