Relaxe pour les "faucheurs d'OGM"

José Bové et les sept autres personnes suspectées d’avoir participé à la destruction, en août 2008, de deux parcelles de maïs OGM Monsanto sur la commune de Valdivienne, ont été relaxés cet après-midi par le tribunal correctionnel de Poitiers.

Romain Mudrak

Le7.info

 

Le 14 juin dernier, ce même tribunal avait mis son jugement en délibéré, après que les parties civiles eurent réclamé plus de 200 000 € de dommages et intérêts. En sus des réquisitions du parquet (de 500€ à 10 000€ d’amende pour chaque prévenu), le groupe américain Monsanto avait sollicité 130 000€ de préjudice matériel et 20 000€ de préjudice moral. L'avocat du propriétaire du champ dévasté avait quant à lui demandé 10 000€ pour compenser le préjudice moral de son client et 35 000€ pour les frais matériels. Aucun d’eux n’a finalement été entendu. Pour prononcer la relaxe, le tribunal a retenu le « vice de forme », estimant que l’on ne pouvait poursuivre des personnes pour « destruction de champ de culture de maïs OGM », alors même que lesdits champs étaient voués, dans les faits, à des « essais de recherche », comme stipulé par le moratoire de février 2008.
Quelques minutes après sa sortie de l'audience, Dominique Delors, 56 ans, s'est dit soulagée même si elle n'était pas trop inquiète : "Le délit n'existait plus depuis le moratoire de février 2008. Nous le savions. A aucun moment, la présidente du tribunal ou le procureur n'avait demandé la requalification." Depuis deux ans, cette mère de famille a revendu son entreprise dans le Cher pour se consacrer entièrement à la défense de l'environnement. Condamnée à plusieurs reprises pour des faits semblables aux quatre coins de la France, elle accumule près de sept mois de prison avec sursis : "J'ai fait le choix d'une alimentation saine et j'aimerais que mon petit-fils puisse aussi avoir le choix. Les experts savaient tout sur l'amiante il y a trente ans. Si nous avions été plus virulents, beaucoup de maladies auraient été évitées."
Dominique comme les autres faucheurs volontaires redoutent désormais que le parquet engage une nouvelle procédure avec, cette fois, le bon chef d'inculpation. Toutefois, il devra faire vite : le 15 août prochain, le délit sera prescrit.

 

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