La folle course aux parrainages

Les candidats à la présidentielle s’activent pour recueillir les cinq cents parrainages d’élus locaux exigés par la loi (*). Dans la Vienne, les maires de petites communes ne se bousculent pas au portillon… au grand dam de certains candidats.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis plusieurs semaines, Alain Verdin bat la campagne poitevine. À son compteur, le secrétaire départemental de Debout la République (DLR) affiche « une dizaine de parrainages » en faveur de Nicolas Dupont-Aignan. Soit un taux de transformation d’environ 12%. « C’est simple, détaille-t-il, j’ai rencontré soixante-dix huit maires et une centaine d’autres a refusé tout entretien. »

Le militant met cette défiance sur le compte « de la publicité faite autour des parrainages ». « Beaucoup souhaiteraient que leur signature ne soit pas rendue publique. » À l’image de Nicole Merle, maire de Sèvres-Anxaumont. « J’ai évidemment une sensibilité politique. Mais je ne parrainerai personne, tout simplement parce que je suis entourée d’élus de toutes tendances. »

Comme elle, Annette Savin a reçu une foultitude de demandes de prétendants « qu’elle ne connaît même pas ». Mais elle observera son devoir de neutralité, comme toujours depuis 1995. « Si je devais apporter mon soutien à un candidat, ce ne serait qu’avec l’accord de mon équipe municipale. C’est une question de bienséance. »

« On galère ! »


Pour Nina Barriquault, en revanche, ce sera François Hollande et personne d’autre ! « Logique, vu que je serai la suppléante d’Alain Claeys aux législatives », argumente le maire d’Avanton. L’un des rares élus interrogés à révéler sa préférence au grand jour. Une question s’impose : y aurait-il davantage de « volontaires » à la « présentation » -le terme juridique consacré- si le conseil constitutionnel ne révélait pas leur nom au Journal officiel ? « C’est fort possible, répond le maire de Jaunay-Clan, Francis Girault, qui préconise de « noyer des milliers de réponses individuelles dans une liste collective ». « Il faudrait peut-être confier ces parrainages aux grands électeurs… »

Eric Audebert, lui, se fiche de la méthode et dénonce une course aux « soutiens » encore plus rude qu’en 2007. « J’avais récolté trois parrainages, dont le mien (Ndlr : il était conseiller régional) », pérore le patron du FN dans la Vienne. Et là ? « On galère ! Mais je ne vous donnerai pas de chiffre, j’ai des consignes de Paris. » Ou comment transformer cette folle course aux parrainages en marathon pré-électoral. Surtout pour les petits partis. Remise des copies le 16 mars.

(*) Pour se présenter à l’élection présidentielle, un candidat doit recueillir cinq cents parrainages d’élus locaux (maires, conseillers généraux, régionaux, députés, sénateurs…) dans trente départements différents.

Officiellement, pas de consigne
Les grands partis exercent-ils des pressions sur les élus ? À en croire Olivier Chartier et Jean-François Macaire, aucune consigne n’a été formulée dans ce sens. « Je me garderai bien d’en donner une aux maires, assène le président de la fédération UMP de la Vienne. Ils ont déjà à faire face à un dilemme cornélien, alors il ne faut pas en rajouter. » Même son de cloche auprès du premier secrétaire du Parti socialiste. Pour autant, Jean-François Macaire comprend l’hésitation des élus de petites communes. « Un maire devrait pouvoir afficher ses opinions sans crainte. » Même lorsqu’il permet à un(e) candidat(e) controversé(e) de franchir le cap des 500 parrainages ? « La démocratie doit pouvoir s’exprimer, y compris pour la candidate du Front National qui pèse 20% dans les sondages », conclut Olivier Chartier. « Cela vaut aussi pour un candidat écologiste ou de gauche », emboîte Jean-François Macaire.



 

 

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