Des cœurs en hiver

Dans le froid hivernal, les bénévoles de la Croix-Rouge partent tous les soirs en maraude pour apporter leur aide aux SDF et aux mal logés de Poitiers.

Florie Doublet

Le7.info

Le thermomètre affiche – 3°C. Les trois couches de T-shirts n’y changeront rien : le froid s’infiltre jusque dans les poumons. Les mains, à peine sorties des poches, sont paralysées. Une seule envie, se recroqueviller, au chaud, sous la couette. Les sans-domicile fixe de Poitiers, eux, doivent se contenter du porche de Notre-Dame, d’un coin de parking ou -au mieux- du squat d’un copain. C’est pour eux que la Croix- Rouge maraude tous les soirs, à partir de 18h30, depuis le déclenchement du plan  « Grand froid » par la préfecture. « On essaie de les inciter à se rendre en centre d’hébergement ou à l’hôtel, s’ils ont des animaux, informe Anaïs, l’une des bénévoles responsables. Dans l’idéal, il faudrait qu’il n’y ait plus personne dans les rues. Mais le plus important, c’est de créer du lien, être présent pour une discussion, un échange ».

« on vient pour se réchauffer »

Le mini-bus de la Croix-Rouge circule dans les rues de Potiers avec plus ou moins d’aisance : « Nous sommes parfois obligés d’emprunter des sens interdits car nous n’avons pas de pass pour accéder aux zones piétonnes », indique Anaïs.
Les trois bénévoles garent le véhicule place Charles-de- Gaulle. Ils sont vite repérés par trois hommes emmitouflés jusqu’aux oreilles. Ils aimeraient un petit café ou une soupe lyophilisée. Ils sont rejoints par une famille de Kosovars. Une seule femme parle un français correct : « On vient pour se réchauffer un peu. On n’a pas d’argent, pas de travail, c’est très dur pour nous. »
Dans la file d’attente, à l’arrière de la fourgonnette, une jeune femme sautille pour se réchauffer. Elle garde le sourire, malgré le vent glacial :  « Je suis contente, j’aurai bientôt un appartement, un chez-moi avec chauffage électrique et petit jardin. » Son histoire est digne d’un roman. Une équipe de journalistes de TF1 a réalisé un reportage sur la situation difficile des personnes vivant au bois de Vincennes, à Paris, où elle « habitait ». Une dame, émue, a écrit à la rédaction et donné ses coordonnées pour apporter son aide. « Elle m’a proposé un appartement sur Poitiers, nous a emmenés jusqu’ici avec nos chiens, nous a expliqué comment constituer un dossier pour les aides
au logement… Cela fait du bien de s’éloigner de Paris, de la toxicomanie, de tout ça.
» Tous n’ont pas la même chance. Jacky, 45 ans, dort au gymnase des Ecossais, réquisitionné en centre d’hébergement d’urgence. « Si ce lieu n’avait pas ouvert, je ne sais pas où j’aurais dormi, assure-t-il. Ce sont des personnes de la Croix-Rouge qui m’ont donné l’information. » Demain, il lui faudra encore trouver un endroit où passer la nuit. Une équipe de bénévoles de la Croix Rouge sera encore présente pour l’orienter et le soutenir, lui et tous les autres sans-abri.

 

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