JD Jackson : « Le classement de Poitiers est trompeur »

A la peine l’année dernière, Le Mans vit une saison plus conforme à son standing. Le Top 4 de Pro A lui tend les bras, à condition de ne plus laisser de points en route. A commencer à Saint-Eloi samedi, où le PB 86 attend de pied ferme les hommes de JD Jackson. Entretien avec l’entraîneur canadien du MSB.

Arnault Varanne

Le7.info

JD Jackson, Le Mans reste sur trois succès en championnat et un autre en Coupe de France. Auriez-vous trouvé votre rythme de croisière ?
«Nous nous sommes fixé pour objectif d’accrocher ce petit groupe qui lutte pour la troisième-quatrième place et avoir l’avantage du terrain en play-offs. Nous étions bien lors des matchs aller, avant d’enchaîner une série de matchs très rudes face au Top 6 de la Pro A, notamment à l’extérieur. Et puis, il y a eu les retours de blessure d’Antoine Diot et d’Alain Koffi qui ont du mal à retrouver la forme. Malheureusement, Antoine s’est à nouveau blessé… Maintenant, c’est reparti, mais je reste lucide. Il nous reste beaucoup de choses à faire.»

Avec un groupe presque similaire, vous réalisez une bien meilleure saison que l’an dernier. Une explication?
«L’année dernière, nous étions partis avec deux jeunes meneurs français (Ndlr : Diot et Pellin) qui ont fait le métier, mais… Il y a eu aussi la blessure de Charles Henri-Kahudi aux lombaires, d’Antoine Diot, d’Alain Koffi au genou. C’est difficile de se passer de trois internationaux ! Après, le recrutement avait été un peu déséquilibré et nous avions cherché le rythme et la confiance très longtemps. Malgré cela, nous avions réussi un très bon parcours en Eurocoupe et accroché les play-offs (Ndlr : Le MSB avait été battu en quarts par Cholet, futur finaliste). Mais c’est vrai que ça changeait par rapport à mes deux premières saisons de coaching. Cette saison, on a quasiment le même groupe, avec un peu de chance et des joueurs plus matures. On retrouve notre statut.»

« L’arrivée d’Aka et Dobbins a dynamisé le groupe »


Le Mans a concédé sept de ses huit défaites face aux équipes du Top 5…
«C’est justement la prochaine marche à franchir. Nous devons être encore un peu plus rigoureux pour dominer des adversaires tels que Chalon ou Gravelines. Maintenant, le championnat est très dense et il faudra aller gagner à Poitiers ou Dijon pour rester dans les quatre premiers. Ce sont des équipes qui sont capables de nous battre si nous ne sommes pas à notre plus haut niveau.»

Comment jugez-vous cette équipe du PB86, qui vient d’aligner six succès sur ses neuf dernières sorties ?
« J’ai mis les gars en garde sur le fait que le classement de Poitiers était trompeur. C’est une équipe qui a retrouvé sa confiance. L’arrivée d’Aka et Dobbins a dynamisé le groupe. Ils sont très agressifs et ne se posent pas de questions. Et comme derrière, il y a des scoreurs talentueux et des rotations intérieures complètes… Les voir gagner à Cholet, en jouant presque sans meneur, fait réfléchir sur le potentiel de ce groupe. J’espère que nous ne serons pas dupes. C’est toujours difficile de gagner à Poitiers. Il faut oublier le match aller (106-95) et juger le PB sur ce qu’il fait depuis deux mois. »

A l’instar de son équipe, Evan Fournier (13,7pts, 3,1rbds, 2,2pds) monte en puissance ces dernières semaines. Lui réservez-vous un « traitement » spécial ?
«On ne peut pas se focaliser sur Evan Fournier, même s’il faudra limiter son apport. A son poste, Wright peut mettre des points et Grant pèse aussi. Collectivement, cette équipe propose beaucoup de variété dans le jeu, avec des tactiques atypiques qui peuvent déstabiliser. Et le fait que l’on ait gagné deux fois à Saint-Eloi ne nous donne pas un avantage particulier.»

Offensivement, votre équipe est ce qui se fait de mieux dans la Ligue (83,3pts). En même temps, vous concédez aussi beaucoup de points (79,9) cette saison. N’est-ce pas un frein à vos ambitions ?

«On  joue un basket rythmé avec beaucoup d’agressivité et il est clair que le score a tendance à monter, même lorsqu’on met l’adversaire en difficulté. En même temps, les gars se donnent beaucoup en défense et tout le monde joue le jeu.»

Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que Taylor Rochestie (18,6pts, 4rbds, 6,6pds, 22,2 d’évaluation) est le meilleur meneur de la Ligue. On imagine que vous aimeriez le signer une saison supplémentaire, comme Batista qui vient de se réengager pour deux années…
«Je suis très content des joueurs qui évoluent cette saison au Mans. C’est un plaisir de diriger ce groupe. On est donc en discussions avec beaucoup d’entre eux, y compris Taylor… Mais c’est juste le début. Avant, on a une saison à finir !»

Pratique
24e journée de championnat, Poitiers Basket 86 (13e, 8v-15d)-Le Mans SB (4e, 15v-8d), samedi 31 mars, 20h à Saint-Eloi.

Photo Seb Jawo


Vu de Poitiers…

Après sa victoire éclatante à Cholet (85-77), le PB s’apprête à vivre son deuxième derby de l’ouest face à une équipe du Mans en pleine bourre. «Individuellement et collectivement, c’est l’une des trois meilleures du championnat», affirme Ruddy Nelhomme. L’entraîneur poitevin se méfie comme de la peste de l’axe 1-3-5 des Sarthois (Rochestie-Kahudi-Batista), capable de «mettre beaucoup de rythme et d’agressivité». «Le MSB produit un basket offensif et alléchant, ce sera donc compliqué. En même temps, dans notre situation, on ne doit pas faiblir à la maison, devant nos supporters», insiste le coach poitevin. Qui pourra compter sur toutes ses troupes, même si Grant se ressent encore de sa contracture à la cuisse. Face à la densité physique des Manceaux, la bataille du rebond risque une nouvelle fois d’être déterminante.

 

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