
Aujourd'hui
Le diamant noir n’aura jamais aussi bien porté son nom. Pénurie oblige, le kilo de truffe se vend aujourd’hui autour de « 900 à 1 000€ ». « Un courtier de passage dans la région m’a dit qu’il négociait avec ses clients à 800€/ kg contre 350 en période normale », appuie Guy Pasquay, porte-parole des trufficulteurs de la Vienne. La situation n’est pas propre au département et s’explique en grande partie par des conditions météorologiques défavorables. « En mai et juin, la truffe naissante a besoin d’eau et de chaleur, indique Claude Bretaudeau, producteur à Pouillé. Hors, nous avons eu l’eau mais pas la chaleur. Idem en août, où la sécheresse prolongée a ralenti la croissance des truffes. »
Une menace à peine voilée plane sur les prochains marchés de Chauvigny, Loudun et Neuville. À Vivonne, l’un des premiers rassemblements de la saison a été purement et simplement annulé faute de « combattants ». Sauf à espérer que la météo soit favorable dans les semaines à venir, 2012 restera comme une année noire, sans mauvais jeu de mots. « Si le gel s’installe avec des températures très négatives (-8°C), ce sera la catastrophe », prophétise Guy Pasquay. En rythme de croisière, les quelque cent vingt trufficulteurs « viennois » produisent environ 150kg par an.
« Vous voyez le résultat… »
« A titre personnel, j’ai cavé (*) ce matin (Ndlr : mardi dernier) avec mon chien et j’ai réussi à extraire trois truffes, dont la plus grosse fait vingt grammes. Vous voyez le résultat… », se lamente Guy Pasquay. Son collègue de l’Est du département n’est pas mieux loti. Avec ses deux mille six cents chênes truffiers, répartis sur dix hectares, l’agriculteur « s’attendait à un tel résultat ».
« Disons que je ne suis pas surpris, compte tenu du printemps et de l’été que nous avons eus », souffle-t-il. A Marigny-Brizay, Yann de Kermadecc évoque une baisse de production de l’ordre de 90%. Fataliste, le trufficulteur ? Pas du tout ! Comme ses acolytes, il sait que son « art » nécessite une bonne dose d’humilité… et beaucoup de patience. Certains arbres ne donnent qu’au bout de cinq ou six ans, d’autres jamais. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les professionnels français se comptent sur les doigts de la main. Le diamant noir a ses raisons que la raison ignore…
(*) Opération consistant à déterrer les truffes.
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