
Aujourd'hui
Quelques jours avant son départ à la retraite, le préfet de la Vienne a légué à son successeur -pas encore désigné- un cadeau empoisonné. Dans le droit fil de l’avis favorable rendu par la Commission départementale de la nature, Yves Dassonville a signé l’arrêté autorisant Vinci à exploiter une carrière à Saint-Léger-de-Montbrillais, dans le Nord-Vienne. Le chantier de la ligne à grande vitesse Sud-Europe-Atlantique dépend de cet approvisionnement en remblais. « Le site n’est pas sur une zone protégée et aucune habitation ne se trouve à moins de trois cents mètres. Il n'y a donc aucune raison que je m'oppose à ce projet. Si tel avait été le cas, Vinci aurait pu déposer un recours en justice. »
La date limite d'exploitation a été fixée au 31 décembre 2013. Et en aucun cas, les travaux ne pourront durer plus longtemps que prévu. Dans les prochains jours, près de deux cents camions devraient circuler quotidiennement sur la départementale 347. Un va-et-vient qui n’est pas du goût des élus de la Vienne, c’est un euphémisme. À peine la décision du préfet avait-elle été rendue qu’un flot de communiqués déferlait dans les rédactions. En cause : la proximité avec le chantier du futur Center Parcs.
Royal étonnée
« Ce projet entre en conflit direct avec le futur Center Parcs, qui sera une vitrine en matière de développement durable », s'émeut le secrétaire départemental de l'UMP, Olivier Chartier. De son côté, la députée Europe-Ecologie-Les Verts, Véronique Massonneau, pointe du doigt les « nuisances inévitables pour les riverains des communes avoisinantes ». « Il est regrettable de porter ainsi atteinte à l'exemplarité souhaitée pour les chantiers de la LGV et du Center Parcs, en termes de respect de l'environnement et de la population locale. » Ségolène Royal se dit, elle, « étonnée que le préfet puisse prendre une décision aussi lourde de conséquences, à quelques jours de sa fin de fonction ».
Le lobbying intense opéré par Jean-Pierre Raffarin auprès de Vinci n’aura donc servi à rien. En novembre dernier, l’ex-Premier ministre avait indiqué qu’un autre site était pressenti pour couvrir les besoins du chantier de la future ligne à grande vitesse, en l’occurrence à Cléré-sur-Layon, dans le sud du Maine-et-Loire. À l’époque, le Sénateur de la Vienne pensait que « Vinci avait compris que le consensus politique serait difficile à affronter ». Les élus ne s’interdisent pas d'intenter un recours devant le tribunal administratif pour casser la décision du préfet.
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