
Aujourd'hui
176 805. C’est le nombre de contrôles de tickets effectués, en 2013, dans les bus du réseau Vitalis, soit un recul de plus de 22%. En toute logique, le nombre de resquilleurs pris la main dans le sac a également chuté (2 744 contre 3 435). Cette situation étonnante a suscité le débat lors du dernier conseil d’agglomération, principal financeur de Vitalis. « Cette diminution s’explique par un taux d’absentéisme important parmi les agents de maîtrise, qui ont la double compétence du contrôle et de la conduite », a indiqué Alain Tanguy, vice-président aux Transports. Le rapport précise que « les heures originellement dédiées au contrôle servent à pallier les carences en conducteurs ».
De fait, l’absentéisme du personnel roulant flambe littéralement (+20% par rapport à 2012), pour atteindre 140,52 heures en moyenne par agent. Une situation sur laquelle syndicats et direction posent un regard très différent. Déléguée Unsa, Séverina Plaud évoque un « ras-le-bol » de certains chauffeurs que l’on « rappelle souvent pendant leurs congés pour assurer le service ». Selon elle, le problème viendrait d’un « manque d’effectifs », qui obligerait le planificateur à « accroître la pression sur le personnel restant ». De son côté, Thierry Wischnewski parle d’un «changement d’organisation du planning», avec le départ en retraite du planificateur central. « Au-delà, nous avons réorganisé le réseau et dû préparer la mise en service du viaduc. La situation a été un peu tendue, comme dans n’importe quelle entreprise… », indique le directeur général de la régie.
« Changer les habitudes »
L’Unsa estime que le sureffectif, indispensable dans une entreprise telle que Vitalis pour assurer la continuité de service, est passé de « 7% à 4,5% de la masse salariale ». Le syndicat sonne donc l’alerte. Serge Rivet partage l’inquiétude. « Sept conducteurs ont été recrutés, mais ce ne sera pas suffisant car plusieurs départs en retraite sont déjà annoncés cette année », abonde le délégué CFDT. « Nous travaillons à des solutions plus structurelles pour éviter certaines situations, mais les effectifs augmentent chaque année », répond Thierry Wichnewski. Qui appelle aussi « à changer les habitudes » et « sortir du quotidien ». Message reçu 5 sur 5 ? Pas tout à fait…
« Depuis trois ou quatre mois, on est vraiment sur le fil, confie un agent administratif, qui préfère garder l’anonymat. On demande régulièrement à des conducteurs de revenir un jour supplémentaire, ce qui les amène à effectuer quarante-cinq heures dans la semaine. C’est conforme à la réglementation, mais ça râle… » En chœur, les syndicats dénoncent une « détérioration des conditions de travail » et les tensions sociales sont perceptibles. 1954 jours de congés seraient en souffrance. Autant d’éléments qui avaient d’ailleurs conduit 80% du personnel à stopper symboliquement le travail, le 21 décembre dernier. Face à cette situation, le directeur de la régie des transports publics maintient le cap et préfère se tourner vers « les défis de demain », notamment la réorganisation complète des lignes du réseau.
(*) Le taux de fraude correspond au nombre de procès-verbaux dressé par les agents, rapporté au nombre de contrôles.
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