Sabrina Jadault donne de sa personne

Sabrina Jadault. 34 ans. Directrice de la nouvelle agence de services à la personne Petits-fils, à Poitiers. Ancienne visiteuse médicale et pompier volontaire, la Montmorillonnaise d’adoption cultive l’entraide avec une générosité authentique. Signe particulier : vit au jour le jour.

Arnault Varanne

Le7.info

En 2006, elle était encore une jeune femme insouciante, loin des problématiques liées à la fin de vie. Et pourtant, elle a été amenée à accompagner sa belle-mère dans les derniers mois de son existence. « Atteinte d’un cancer, Colette ne voulait pas mourir à l’hôpital. Elle se plaignait de ne jamais voir la même auxiliaire de vie... Je me revois la masser et l’aider à se maquiller, ce que les intervenantes faisaient à sa place. Elle m’avait dit : « C’est dégradant pour moi ». » Le terme « dégradant » résonne encore dans sa tête. Visiteuse médicale pendant onze ans, après des études de préparatrice en pharmacie, Sabrina Jadault a ouvert, mi-octobre, la 77e agence de services à la personne du réseau Petits-fils, à Poitiers. Une façon pour elle de perpétuer la mémoire de Colette, « et de mes grands-mères aussi ».

Un passé de pompier volontaire

Après deux mois d’activité, la Montmorillonnaise a déjà recruté une quinzaine de salariées dans un secteur pourtant très compliqué, rythme de travail effréné, tâches ingrates et rémunération obligent. « Au sein du réseau, 80% des auxiliaires de vie ont en moyenne un temps plein avec entre quatre et six clients », assure la gérante de la structure (bien-nommée) « L’accompagnement de Colette ». « Je recrute des gens que j’enverrais les yeux fermés au soutien de mes proches. Et tant pis si le ménage du grenier n’est pas fait parce que la personne préfère se lancer dans une partie de Scrabble », renchérit-elle. A terme, Petits-fils Poitiers compte faire grimper ses effectifs à 60 personnes. Mais avant de tirer des plans sur la comète, Sabrina Jadault préfère parler du présent et regarder (un peu) dans le rétro. De son virage professionnel amorcé en douceur. De sa propre expérience d’auxiliaire de vie, « entre 18 et 20 ans pendant les vacances scolaires ». De ses douze années aussi comme sapeur-pompier volontaire, à la caserne de Montmorillon.

« Enfant, je ne savais pas précisément ce que je voulais faire, prolonge-t-elle. Je voulais juste être dans le médical, le relationnel ou l’humain. » La mutation professionnelle de son père, de la centrale nucléaire de Dunkerque à celle de Civaux, l’a conduite, avec ses frères et sœurs (3) du Nord vers la Vienne. Elevée au sein d’une « famille unie », où les mots « autonomie », « bienveillance » et « partage » servent de fil conducteur, Sabrina Jadault a trouvé sa voie « presque naturellement ». « Je remercie vraiment mes parents pour ça... Je ne me vois pas vivre loin d’eux, de ma belle-famille à Gençay. Jamais on ne se parlera plus ! » Commu-ni-ca-tion ! Avec ses clients comme avec ses proches, la mère de deux enfants (Agathe, 6 ans et demi, Victor, 4 ans) prône le dialogue et l’harmonie. « L’autre jour, j’ai surpris ma fille en pleine conversation avec sa petite cousine. Elle lui dit à un moment donné : « Je suis comme maman, auxiliaire de vie. J’aide les personnes âgées à être mieux dans leur vie ». J’étais au bord des larmes... »

« Un peu trop franche parfois »

Ses valeurs, la dirigeante de l’agence Petits-fils s’efforce de les transmettre à qui veut l’entendre. « Je me suis toujours fait entendre sans forcément élever la voix. » Sa capacité d’adaptation et son « sens de l’écoute » dessinent d’elle le portrait d’une battante. « Peut-être un peu trop franche parfois... », corrige-t-elle, lucide. La marathonienne -3h54 en 2018 sur le Poitiers-Futuroscope- se dope aujourd’hui aux « belles rencontres ». En mémoire de Colette, elle espère faire de sa petite entreprise un terreau fertile où accompagnement humain rime avec bien-être des seniors. La vieillesse n’est pas forcément un naufrage !

 

 

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