Quête mystique en Bosnie

Un homme part en Bosnie, sur les traces de celui dont il croit être la réincarnation. Les héros ne meurent jamais est un premier long-métrage étrange, au récit invraisemblable et pourtant réaliste, qui questionne sur la mort, le deuil et la mémoire.

Steve Henot

Le7.info

Depuis que cet inconnu l'a vivement interpellé dans la rue, Joachim est troublé. Serait-il la réincarnation de Zoran, un soldat tué en Bosnie le jour exact de sa naissance, dont lui a parlé le type ? Les coïncidences sont fortes, tout cela semble pourtant irréel... Hanté par des visions qu'ils croient avoir déjà vécues, Joachim décide alors de partir pour Sarajevo avec Alice, une amie réalisatrice qui connaît bien le pays, et une petite équipe de tournage. Dans l'espoir de retrouver la trace de cette identité qu'il aurait précédemment incarnée.

Les héros ne meurent jamais est un film qui laisse longtemps songeur. Parce que cette histoire de réincarnation semble si invraisemblable qu'Alice elle-même peine à y croire (Adèle Haenel, encore formidable). Pourtant, le doute plane tout au long de ce périple. Joachim délire-t-il ? Ou touche-t-il du doigt un chemin qui nous est encore inconnu ? Pas sûr que le joli final apporte la réponse... Au-delà de sa façade mystique, cette quête mène surtout une réflexion intéressante sur la mort, le deuil et la mémoire, notamment par l'illustration qui est faite des récits -brefs mais saisissants- de la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Entre drame intime, documentaire déguisé voire conte aux ressorts fantastiques, ce premier long de la Vendéenne Aude Léa Rapin ne manque pas d'audace, cultivant une étrangeté très proche du réel, sans artifice. Un pari qui, par ses contours un peu trop austères, pourrait toutefois en laisser quelques-uns sur le carreau.

Drame de Aude Léa Rapin, avec Adèle Haenel, Jonathan Couzinié, Antonia Buresi (1h25)

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