Sur les traces d’un résistant polonais

Thomas Regdosz se lance dans la réalisation d’un documentaire consacré à son grand-père maternel, ancien résistant polonais. L’artiste poitevin entend retracer son parcours en sens inverse, de la France à son village natal, en Pologne.

Steve Henot

Le7.info

Ce projet, il y songe depuis la fin du lycée. A l’époque, Thomas Regdosz a enregistré des entretiens avec ses quatre grands-parents, d’une quarantaine de minutes chacun, dans le but de collecter leur mémoire. Sans jamais les exploiter. Dix-huit ans plus tard, le Poitevin souhaite réutiliser cette matière pour réaliser un documentaire, centré sur son grand-père maternel, Joseph.


« Il a eu une vie assez extraordinaire. Son histoire se confond avec l’Histoire, celle de l’Europe au XXe siècle », estime l’artiste, par ailleurs auteur d’un documentaire sur l’îlot Tison, à Poitiers. Né en Pologne en 1924, Jozef Drozniak -de son vrai nom- a 15 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il s’engage alors dans la résistance polonaise, l’Armia Krajowa, puis prend part à l’insurrection de Varsovie. A l’issue de la guerre, en plein hiver, il quitte son pays pour rallier un camp de réfugiés en Allemagne et ainsi échapper à la convocation du Kremlin. De l’autre côté de la frontière, il s’engage dans l’armée américaine et assure notamment la sécurité autour de Nuremberg, pendant le procès contre de hauts responsables nazis.


« Lui présenter de son vivant »

Puis en 1947, Joseph part travailler en France, en Lozère puis dans le Nord, en remplacement des grévistes d’après-guerre. Les années suivantes, l’armée américaine l’affecte à son camp militaire de Fontenet, en Charente-Maritime. Il ne retourne en Pologne que dans les années 1970, après sa naturalisation française. Ce long périple, Joseph l’a souvent tu. « Il a toujours eu ce poids de l’exil en lui, indique Thomas Regdosz. Ma mère a appris plein de choses sur sa vie à travers ce premier entretien. » 


Il y a quelques semaines, le documentariste poitevin a lancé une campagne de financement participatif pour lui permettre de réaliser un long-métrage documentaire d’environ quatre-vingt-dix minutes sur la vie de son grand-père, depuis décoré en Pologne puis en France pour son engagement de résistant. « L’idée, c’est de retracer son itinéraire en sens inverse, de la France à son village natal en Pologne, comme lui, sans rien connaître des langues allemande et polonaise. » Thomas Regdosz veut aussi s’appuyer sur de nombreuses archives personnelles et des documents d’époque. Avant ce voyage, il s’entretiendra de nouveau avec Joseph, désormais installé à Lille. Thomas espère pouvoir présenter le résultat de son travail fin 2021 ou début 2022. « Mon grand-père a l’air super content de ce projet. Aujourd’hui, il a 96 ans et j’ai ressenti l’urgence de raconter son parcours, d’autant plus dans le contexte actuel, confie-t-il. Ce documentaire, c’est un cadeau que je veux lui faire. Et le mieux serait de le lui présenter de son vivant. »

Participation sur fr.ulule.com/documentaire-joseph

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