Les Restos du cœur en campagne

Grâce à leur nouveau camion, approvisionné comme leurs seize autres centres, les Restos du cœur de la Vienne vont désormais pouvoir aller là où l’aide alimentaire est parfois complètement inexistante : en milieu rural.

Claire Brugier

Le7.info

« Qu’est-ce que je vous donne en plat cuisiné ? Des raviolis ? Des saucisses-lentilles ? Et en frais qu’est-ce que vous préférez ? Un chou ? Un poireau ? Je vais vous chercher les yaourts maintenant ! » Le ton est enjoué, le service empressé. Monique n’en est pas à sa première distribution. Mais celle-ci est différente sans l’être. En ce jeudi matin, la bénévole des Restos du cœur est dans l’arrière-cour de la mairie de Vicq-sur-Gartempe, à bord d’un camion blanc flambant neuf. Les Restos du cœur de la Vienne disposaient jusqu’à présent de seize centres de distribution, en majorité urbains, ils en ont désormais un dix-septième, itinérant et exclusivement rural.

« Nous avons établi une cartographie du territoire qui a révélé des zones blanches où aucune aide alimentaire n’est proposée », explique Sylvie Moriceau, la présidente départementale. L’association accueille 6 160 personnes
dans la Vienne, dont 113 bébés (jusqu’à 12 mois), elle sert 
20 000 repas par semaine. « Les chiffres ne cessent d’augmenter. On voit arriver de nouveaux publics, beaucoup d’étudiants qui étaient inscrits mais ne venaient pas, plus de retraités aussi, et des auto-entrepreneurs, des commerçants, des jeunes qui travaillaient dans la restauration… Souvent les personnes appellent plusieurs fois avant que l’on réussisse à les faire venir. »

Franchir la porte

Sylvie Moriceau le sait : « Cette p… de porte il faut la franchir, c’est violent ! » Et peut-être plus encore en milieu rural. Avec ce camion itinérant, ce sont les Restos qui viennent gratuitement à la rencontre des personnes dans le besoin. Comme Jean-Louis, 67 ans, un client de l’épicerie solidaire de Pleumartin demeurant à Angles-sur-l’Anglin. « Ma femme est sans revenu de retraite et j’ai une pension relativement réduite, de 900€. Heureusement je n’ai pas de prêt maison à rembourser mais à la campagne, il faut avoir un véhicule, avec tous les frais inhérents. »

Jean-Louis, lui, a franchi le pas, mais Corinne Neuvy, adjointe aux affaires sociales à Vicq, ne se fait pas d’illusion. « Il est parfois plus facile d’aller chercher de l’aide dans une commune extérieure. A Vicq, nous avons une population plutôt âgée (ndlr, 120 personnes de 
plus de 75 ans sur 600 habitants), des personnes qui, avec la crise, se renferment à domicile, sortent moins, ont peur. Nous n’avons pas de solution si ce n’est d’ouvrir la porte, en espérant que le bouche-à-oreille leur fera franchir le pas. »

Même espoir à Archigny, deuxième village étape de cette première tournée, 1 100 habitants et 17hab/km2. « Il y a probablement des personnes âgées dans le besoin, des retraités du monde agricole qui n’osent pas demander, constate le maire Jacky Roy. C’est bien d’aller au-devant de leurs réticences ou de leur amour propre. »

Etrangement, l’initiative des Restos n’est pas accueillie de manière égale. « Par endroits, nous avons été très mal reçus sous prétexte qu’il n’y aurait pas de pauvres sur leur commune ! », déplore Sylvie Moriceau. Jeudi, le camion blanc s’arrêtera aussi à Saint-Germain. La tournée ne demande qu’à s’étoffer.

A noter : la collecte nationale des Restos du cœur a lieu les 5, 6 et 7 mars dans les grandes surfaces alimentaires.

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