En attendant « L’Amour fou ? »

Bien inspiré qui pourrait donner la date de réouverture du musée Sainte-Croix. Une exposition extraordinaire y attend pourtant les visiteurs jusqu’au 13 juin. « L’Amour fou ? Intimité et création (1910-1940) » s’adresse à tous.

Le7.info

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Le 5 mars, puis le 25, finalement peut-être fin avril… De date en date, l’ouverture -physique- de l’exposition « L’Amour fou ? Intimité et création (1910-1940) » ne cesse d’être reportée. Pour autant, derrière les murs du musée Sainte-Croix, le décor est posé, dix alcôves pour y blottir dix amours fous, esthétiques et artistiques, parisiens et cosmopolites, si intimes et pourtant si universels.

Tous ont une histoire, sont nés d’une rencontre, se sont nourris des arts, se sont souvent croisés dans le Paris bouillonnant des Années folles. Ils ont pour noms Camille Claudel et Auguste Rodin bien sûr, déjà familiers des lieux, mais aussi Bella et Marc Chagall, Man Ray et Kiki de Montparnasse, Paul et Nusch Eluard, Louis Aragon et Elsa Triolet, Youki et Foujita, Anaïs Nin et Henry Miller, Jean Cocteau et Jean Marais, ou encore le trouple Romaine Brooks, Ida Rubinstein et Gabriele d’Annuzio.

Pas plus que le choix de ces couples iconiques, le nom de l’exposition n’est anodin. « Il fait référence à L’Amour fou d’André Breton, au surréalisme, précise Raphaële Martin-Pigalle, commissaire de l’exposition. Mais on a rajouté un point d’interrogation pour questionner le sentiment amoureux et le lien à la création. »

« Apporter de la légèreté »

Peinture, photographie, sculpture, littérature, poésie… Sans distinction d’art, l’exposition interroge le rôle de l’amour dans ces parcours d’artistes et dans leurs œuvres ? Ne saura-t-on jamais vraiment qui a inspiré qui ? La scénographie signée Frédéric Beauclair recrée autour de chaque relation, à partir de plus de 230 œuvres, documents et objets, une ambiance immersive, jusqu’à une reconstitution du couloir aux chandeliers mouvants de La Belle et la Bête. « Nous voulons que les visiteurs se déconnectent de l’actualité, qu’ils soient emportés et transportés dans d’autres univers, note Raphaële Martin-Pigalle. L’idée est d’apporter de la légèreté. » Sans nécessaire érudition ni prétention. « L’amour est un thème universel, que l’on soit rompu ou non à l’histoire de l’art, et les artistes présentés ici sont universels. »

Trois ans, il aura fallu trois ans au musée des Beaux-Arts de Quimper et au musée Sainte-Croix pour imaginer et concrétiser cette exposition ambitieuse impulsée par Robert Rocca et Dominique Marny, la présidente du Comité Jean Cocteau. Il aura fallu convaincre, voire re-convaincre dans le contexte sanitaire actuel, la trentaine de prêteurs, parmi lesquels la Bibliothèque nationale de France, le Musée Picasso, la Fondation Foujita mais aussi des particuliers.

Le musée breton a fait les frais du deuxième confinement et a ouvert l’exposition une quinzaine de jours seulement. Le musée Sainte-Croix espère davantage. Quoi qu’il arrive, « il y a le catalogue. Et nous la ferons découvrir sur nos réseaux, assure Stéphanie Coussay, médiatrice culturelle. Nous préparons aussi une visite virtuelle. »

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