Le pass sanitaire, « une contrainte positive »

Le pass sanitaire a été étendu depuis lundi aux cafés et restaurants. Pour les gérants d’établissement comme pour les clients, son application doit servir à éviter une nouvelle vague. Malgré certaines réticences, la compréhension domine.

Claire Brugier

Le7.info

« Ce n’est pas très confortable mais c’est nécessaire. J’ai eu du mal à me faire au masque, cela risque d’être pareil pour le pass sanitaire. Cela ne va pas être drôle. En Belgique, on ne l’a pas. » Valia vient de s’installer à la terrasse d’un café du centre-ville de Poitiers avec son père et son conjoint. « Nous étions là il y a une heure, mais nous allons devoir représenter nos pass, déplore cette touriste. C’est triste ce sentiment de contrôle permanent. » Triste mais « on s’y attendait et je pense que c’est très utile, aussi bien pour nous que pour les autres, commente Chantal, une Poitevine assise à une terrasse voisine. Alors cela ne m’embête pas. » A ses côtés, Jacques complète : « Il n’y a rien qui change, la terrasse est toujours agréable, le serveur aussi. On y croit à ce vaccin pour retrouver une vie normale. »

Depuis lundi, les cafetiers et restaurateurs doivent contrôler le passeport sanitaire de leurs clients, en intérieur comme en terrasse. « Dans l’ensemble, les gens sont assez conciliants, constate Aurélie Bernard, du Café de la Paix. La plupart accepte, d’autres moins, certains font les ignorants et d’autres nous demandent de présenter notre pass en retour. Il y en a qui pensent que sur cinq, si quatre sont vaccinés, nous accepterons le dernier… Globalement, c’est une grosse perte de temps. Et de clients. Lundi nous avons refusé une quarantaine de personnes. » Seuls les restaurants routiers sont autorisés – par un arrêté préfectoral qui en précise la liste -, à accueillir les professionnels du transport sans obligation de présentation du pass sanitaire.

« La seule solution »

Malgré quelques points de crispations ici et là, et une mobilisation croissante contre le pass sanitaire le samedi après-midi, place d’Armes comme dans de nombreuses villes françaises, la contrainte entre doucement dans les mœurs. « Dans la profession, tout le monde est pour le pass, assure Mickaël Couturier, représentant de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Depuis un an et demi, nous sommes la profession qui subit en premier les mesures restrictives. Pour nos entreprises et nos collaborateurs, ces derniers mois ont été très durs. Le pass sanitaire est la seule solution pour ne pas subir de nouvelle fermeture à la rentrée. » Le spectre d'une quatrième vague inquiète. Tous les gérants d’établissement se sont donc organisés. Policiers et gendarmes y veillent, de manière pédagogique durant cette première semaine d’application du décret. Reste que « le pass sanitaire est plus simple à gérer dans les établissements fermés qu’en terrasse où les accès sont multiples, constate Mickaël Couturier. Mais quoi qu’il en soit, il faut en passer par là. C’est une contrainte positive. »

Au sein des cafés et restaurants, les salariés ont jusqu’au 30 août pour présenter un passeport vaccinal complet. « Certains l’ont anticipé. C’est plus compliqué avec les saisonniers, souvent jeunes et assez éloignés de la démarche. D’autant que nous n’avons pas pu les sensibiliser avant la saison, souligne Mickaël Couturier. Cela risque d’accentuer les problèmes de recrutement dans la profession à partir du 30 août. Plus globalement, on ne peut toujours pas se projeter sur les mois à venir. »

 

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