Greenfib, la matière et la manière

Basée à Vivonne, l’entreprise Greenfib développe depuis 2018 une alternative aux plastiques pétrosourcés, grâce à une matière 100% biosourcée, durable et sans concurrence avec l’alimentaire.

Claire Brugier

Le7.info

Le 16 septembre prochain,
40 000 lunettes de la marque Oxo vont officiellement faire leur entrée sur le marché dans plus de 750 boutiques de l’enseigne Ecouter Voir. Leur particularité : leur matière, la Greenfib®, une invention de l’opticien poitevin Luc Ménétrey. Avec Cyr Dioré, un autre Poitevin rencontré sur les bancs du collège Camille-Guérin, spécialiste des ressources humaines, ils ont créé en 2018 une entreprise autour de cette matière innovante, brevetée dès 2011, véritable alternative au plastique pétrosourcé.

A l’un la matière, à l’autre la manière. Plus qu’une simple entreprise, Greenfib est l’épicentre d’un éco-système avec, comme « opportunité » plutôt que comme objet, « une matière 100% biosourcée, durable et sans concurrence avec l’alimentaire », insiste Cyr Dioré. « Nous voulons être une entreprise de demain. La Greenfib® est une matière cohérente mais ce n’est pas suffisant. Nous acceptons les marchés lorsqu’ils sont humainement simples, techniquement possibles et financièrement accessibles. » Chez Greenfib, rien n’est donc laissé au hasard, de la matière première, le ricin, au produit fini, en passant par le réseau des fournisseurs, producteurs, transformateurs, designers, éco-concepteurs… Et par les clients. Les premiers sont régulièrement réunis dans le Théâtre équestre de Bretagne, les seconds sont invités à des « ateliers boosters ». « L’idée est de titiller chacun pour qu’il aille plus loin », lâche Cyr Dioré, fervent partisan du « décloisonnement en inter, et pas seulement en interne ».

Biosourcée et recyclable

L’équipe de Greenfib, restreinte, est composée de six personnes. Le siège, basé à Vivonne, devrait prochainement déménager sur la Technopole du Futuroscope. Fabriquée à partir de ricin, ou plus exactement de Rilsan, un polymère 100% biosourcé développé par Arkema auquel sont additionnées des farines végétales et poudres minérales, « la Greenfib® peut être associée à du bois ou du roseau, des coquilles d’huître ou du talc, selon les performances techniques, esthétiques et écologiques recherchées », explique Cyr Dioré. Hormis le ricin, produit dans une multitude de petites fermes d’Inde, « sur des terres semi-arides, donc non vivrières », les additifs sont tous d’origine française. L’an dernier, 9 tonnes de granulés de Greenfib® sont sorties des deux sites de production, à Dissay et près de Vannes. Une vingtaine de tonnes est attendue en 2021. La majorité est injectée dans la fabrication de petits objets. Des études sont en cours pour rendre plus facile l’extrusion et l’impression 3D afin de réaliser de plus gros objets. Cinq à dix fois plus onéreuse qu’un plastique classique, la Greenfib® est aussi deux fois plus légère que l’acétate et au moins trois fois recyclable. L’ambition de Cyr Dioré et Luc Ménétrey serait d’en faire une marque de matière, à l’instar de Gore-Tex®. Aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires de 500 000€, Greenfib est présente en France, en Suisse, en Espagne, en Allemagne, essentiellement sur les marchés de la lunetterie, de l’horlogerie, des stylos, de la cosmétique, de l’alimentaire bientôt (lunch box, plateaux)… Sans oublier le Boc’Up (cf. n°508), conçu aux Usines de Ligugé.

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