Salariés en télétravail, restos au chômage

L’hôtellerie-restauration souffre depuis plusieurs mois de la mise en distanciel d’une grande partie des salariés et agents de la fonction publique. Les professionnels espèrent un retour sur site rapide.

Arnault Varanne

Le7.info

« Catastrophique. » Christophe Guignard ne s’embarrasse pas de subtilités de langage à l’heure d’évoquer la situation de son restaurant, sur la Technopole du Futuroscope. Au milieu d’immeubles de bureaux, Les Alizés souffre terriblement de l’absence des salariés, « tous en télétravail. Depuis début janvier, on fait 30% de notre chiffre habituel, c’était 60% en décembre. » 
La situation a donc empiré depuis le 3 janvier, date de l’instauration de trois jours de distanciel obligatoires par semaine. La mesure prend fin le 2 février, pour le plus grand soulagement des restaurateurs châtelleraudais, eux aussi en difficulté. « Chez nous, c’est 35% de clientèle en moins, confirme Laure Hémon, dirigeante du restaurant du même nom. Et encore, on fait de la vente à emporter. Je vois bien aussi les gens qui hésitent à s’asseoir à une table à côté d’autres clients... »

L’addition au prix fort

A Poitiers, les restos du plateau vivent essentiellement avec la clientèle d’affaires, en particulier le midi. Et quand on sait que 30% des agents administratifs de la Ville et de la communauté urbaine sont en télétravail, on imagine les dégâts sur l’activité. Ajoutez à cela l’entrée en vigueur du pass vaccinal, les interdictions de manger debout et vous obtenez un cocktail assez explosif pour la profession. « Les répercussions sont énormes, les chiffres d’affaires suffisent à le démontrer, soupire Hugues Baalouch. Le marché se divise en deux parties : la clientèle de loisirs et la clientèle d’affaires. Le télétravail a tué ce second segment. » 
En décembre, alors que le taux d’incidence n’affolait pas encore les compteurs, le président de l’Umih de la Vienne avait constaté des chiffres d’affaires « à moins 50% ». Alors, depuis... Même les bars qui ont « mieux bossé les quinze premiers jours de décembre » paient aujourd’hui l’addition au prix fort. Idem pour les professionnels de la restauration à emporter.

D’autres nuages s’amoncellent

Au-delà, l’hôtellerie tire la langue sans la clientèle de commerciaux habituelle. « Soit ils font du télétravail, soit ils annulent au dernier moment car ils sont positifs, cas contact de leur enfants... », prolonge Hugues Baalouch, gestionnaire de quatre établissements, des hôtels et restaurants. La fin du télétravail ? « Ça me rend optimiste si les entreprises jouent le jeu et font revenir leurs salariés sur site. » Quoi qu’il en soit, les cafés, hôtels et restaurants doivent tenir pour ne pas mourir alors que certains sont « en grande difficulté ». Alerté par les organisations professionnelles, dont l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), l’Etat a réactivé le dispositif de chômage partiel (100% en cas de perte d’au moins 50% de chiffre d’affaires), permet un allègement des charges dès 
30% de perte de CA, prend en charge les coûts fixes à hauteur de 
90% dans certains cas de figure... Bref, « le gouvernement fait le job » pour Hugues Baalouch, en dépit de « quelques trous dans la raquette ». Le président de l’Umih 86 pense notamment à tous les établissements créés en 2021 et dont le peu d’antériorité interdit l’accès aux aides. Comme un malheur n’arrive jamais seul, restos, bars, hôtels et autres discothèques doivent aussi faire face à l’augmentation du coût de l’énergie et assumer en parallèle la hausse des salaires.

DR Archives Le 7

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