Jean-Marc Stalner : « Je regarde les images »

Auteur d’une cinquantaine d’albums en quarante ans de carrière, Jean-Marc Stalner a participé à toutes les éditions du Festival de la BD de Ligugé. Chez lui, dessin et amitié sont indissociables.

Claire Brugier

Le7.info

Qu’est-ce qui fait que vous revenez chaque année à Ligugé ? 

« Un ami, il y a vingt-six ans, m’a parlé d’un festival super sympa à côté de Poitiers. J’y suis allé et une amitié est née entre Jean-Louis Dumureau (ndlr, l’organisateur) et moi. C’est un festival à taille humaine, où les relations sont simples, où l’on est bien reçu, où le public est varié. J’y suis bien ! »


Cette nouvelle édition du festival va rendre hommage à Frank Giroud. Vous avez travaillé avec lui…

« Sur l’affiche du festival, je l’ai dessiné qui passe en arrière-plan. Ce qui me plaisait, c’était le bonhomme. J’avais envie de travailler avec lui avant de le rencontrer. Les deux premières pages que je lui ai présentées, il m’a dit que c’était une erreur. Et après on a fait cinq albums ensemble ! Quand on est dessinateur, on veut souvent épater le scénariste. Il m’a fait comprendre qu’il ne fallait pas être dans l’illustration mais dans la narration. J’ai appris plein de choses avec lui, même si Le Cercle de Minsk n’est pas ce que j’ai fait de mieux. Le contemporain, ce n’est pas mon truc, je préfère l’historique. J’aime les costumes, alors les veste-pantalon-jean… Passe encore pour Belle et Sébastien car il y a un bonnet, des gants… et un chien (sourire). Ce qui importe avec un scénariste, c’est la rencontre. Il faut qu’il y ait un vrai échange. »


Chaque année en France, 
la production d’albums 
est exponentielle…
« Il y en a trop. Pour moi, cela a commencé à craquer en 1993, au moment de la sortie du premier Fabien M. Il y avait déjà de moins en moins de monde dans les librairies et 600 ou 700 albums qui sortaient par an. Actuellement, il y en a dix fois plus ! Ce n’est pas facile pour quelqu’un qui démarre. Ce n’est plus comme avant, même s’il y a toujours des collectionneurs. Mais quand ils ne seront plus là… L’âge d’or, c’était avant les années 90, Glénat et Dargaud se battaient pour vous avoir. Maintenant, c’est à vous de vous battre. Je n’avais plus envie, j’ai pris ma retraite il y a deux ans. Je continue de dessiner bien sûr. J’aime raconter les histoires, les dessiner, à l’ancienne. Mon fils fait des jeux vidéo. Parfois je lui demande : mais où est ton original ? Moi j’ai besoin d’avoir le crayon, de toucher le papier, de sentir l’angoisse de la page blanche quand le scénario est écrit et qu’il faut le mettre en scène. Je ne lis jamais de BD, je regarde les images. J’ai commencé à dessiner en recopiant Astérix. Uderzo était un génie, l‘image, le cadrage… Quand c’est bien raconté, on n’a pas besoin du texte. »


Exposition « Créateur de Rêves »,
 jusqu’au 31 mars, au Dortoir des Moines, à Saint-Benoît. Dédicaces sur place de Jean-Marc Stalner et Tatiana Domas jeudi après-midi et vendredi matin, puis durant tout le Festival de la BD de Ligugé.

DR

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