Jardin refuge

L’euphorie pour le jardin apparue pendant les confinements successifs est retombée. Les Poitevins restent néanmoins attachés à ce loisir proche de la nature. Mais l’inflation pourrait les contraindre à recentrer leurs dépenses.

Romain Mudrak

Le7.info

La belle poussée du jardinage, que nous évoquions dans nos colonnes en avril 2021 (Le 7 n°518), ne pouvait pas durer éternellement. Evidemment, le soufflé est retombé. Le confinement n’est plus qu’un lointain souvenir, tout comme le télétravail pour une bonne partie d’entre nous. Et les gens ont désormais de nouveau accès à une multitude de loisirs « concurrents » du jardin, personne ne s’en plaindra. Toutefois, les Poitevins ont pris de bonnes habitudes pendant cette période si particulière. 
« Ils ont redécouvert leur jardin, ils ont planté davantage de légumes et continuent aujourd’hui », 
note Marion Deshoullières, gérante de la serre horticole de Vivonne. Les ventes de graines et de plants ont bien démarré cette saison, comme une envie de « fait maison » sans doute encouragée par l’augmentation des prix des fruits et légumes dans le commerce. L’activité est si bonne que la pépinière aux 
30 000 pieds de tomates vendus chaque année reste ouverte même le dimanche jusqu’à la fin mai. « On remarque aussi une euphorie sur les aromatiques utilisées en cuisine, des menthes aux saveurs de banane, de pomme ou pour les mojitos, ou encore le fromage végétal au goût de chèvre », 
poursuit Marion Deshoullières.

Les dangers 
de l’inflation

Même tendance du côté des paysagistes. Après deux années hors norme, le secteur fait face à un certain ralentissement logique. « On reste sur une tendance positive, les gens veulent embellir leur jardin, assure Barbara Gandrillon, gérante de Gandrillon paysage à Jaunay-Marigny 
(2 associés, 6 salariés, 2 apprentis), dont le carnet de commandes de terrasses et de massifs est plein jusqu’à l’été. Mais avec les événements actuels, la hausse des matières premières et de l’énergie, on se dit qu’ils vont forcément consommer différemment. » L’entreprise qui a recruté depuis un an doit garder une cadence suffisante malgré des tarifs très volatiles « valables 48 heures ». « Il faut beaucoup communiquer avec les clients pour leur expliquer notre situation », ajoute la gérante. 

Enfin, du côté des jardineries et animaleries, l’année 2021 s’est terminée sur un bilan général en hausse de 14% au plan national, selon la traditionnelle enquête Promojardin. Mais pas au point de dépasser les records de 2020. La météo assez maussade de l’été a incité les gens à se tourner vers d’autres loisirs. Les ventes ont été moins bonnes au second semestre. Désormais, les enseignes profitent de chaque rayon de soleil pour servir des clients toujours nombreux mais deux menaces se profilent à l’horizon, toujours selon l’étude Promojardin : d’un côté, l’e-commerce se fait une place sur le marché (8% des ventes de produits de jardin) et, d’autre part, l’inflation inéluctable pourrait contraindre la population à recentrer ses dépenses sur d’autres priorités. 

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