Football - Les arbitres face à la violence

Depuis le début de la saison, les incidents se multiplient sur et autour des terrains de foot de la Vienne. Principales cibles : les arbitres. La commission de discipline du district traite 40% d’affaires supplémentaires, en dépit de la sensibilisation dans les clubs.

Un match de U17 arrêté après des insultes et menaces d’un joueur envers l’arbitre, la gendarmerie qui intervient pour en escorter un autre, un coup de poing qui se transforme en bagarre générale... La liste des incidents plus ou moins graves s’allonge d’une semaine sur l’autre dans la Vienne. « La violence est présente, encore plus après la sortie du Covid où chacun revendique le droit de s’exprimer. Il n’y a pas encore eu de coup sur un arbitre, mais... » Mais Stéphane Basq est inquiet de la tournure des événements, d’autant que le printemps est synonyme de matchs à enjeu avec des montées et des descentes à négocier, quel que soit le niveau de jeu. « S’il faut enlever des points ou donner match perdu, on y arrivera », abonde le président du district de foot de la Vienne.

Président de la commission de discipline, Bruno Dupuis estime l’inflation du nombre d’« affaires » à 40% par rapport aux saisons passées. « Plus personne ne supporte l’autorité et ça se traduit sur le terrain, même s’il faut bien dire que le climat autour (parents, supporters) n’aide pas à la sérénité ». Sa commission tourne à plein régime, avec une graduation des sanctions dès lors que l’arbitre est la cible d’attaques... verbales. A titre individuel, les sanctions peuvent aller jusqu’à la radiation d’un an voire à vie. « Mais pourquoi ne pas infliger des travaux d’intérêt général à des gens qui ont un comportement indigne ? Ça aiderait les clubs et aurait des vertus pédagogiques », 
imagine Bruno Dupuis.

« Les joueurs croient connaître le 
règlement »

De fait, sans parler d’hémorragie, le contingent de « sifflets » 
reste stable, à environ 180 personnes alors qu’« il en faudrait 220-230 ». « Un arbitre reçu à l’examen, on l’accompagne toute la saison, pas pour le conseiller sur le plan arbitral, mais pour le rassurer et le soutenir », ajoute le président du district. N’empêche, quelques-uns raccrochent vite les crampons, refroidis par certains comportements hostiles. 
« C’est compliqué de fidéliser », 
confirme Bruno Dupuis. Pourtant, le district met le paquet en termes de prévention et de promotion de l’arbitrage, attirant 30 à 45 candidats par an. Plusieurs chargés de mission se rendent régulièrement dans les clubs pour des séances de sensibilisation spécifiques. Environ 25 à 30 par saison.

« Si les dirigeants disent à leurs joueurs : ce soir, c’est séance arbitrage, on a moins de monde, certifie Sébastien Aubineau, président de la commission de promotion de l’arbitrage. Dans la majorité des cas, on fait une partie en salle et une partie terrain. On allie jeu avec ballon et précision des points de règlement. Eux-mêmes se rendent compte de l’effort physique à réaliser et de la difficulté de prendre des décisions rapides avec de la fatigue. » Sébastien Aubineau rappelle les fondamentaux mais s’aperçoit aussi que « pas mal de joueurs croient connaître le règlement ». De la 5^e division départementale au National 3, aucun niveau n’échappe aux incivilités. Et malheureusement, l’exemple -le mauvais- vient d’en haut avec des matchs Nice-Marseille ou Lyon-Marseille émaillés d’incidents en Ligue 1...

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