Coupez!, le nanar au rang d’art

Une petite équipe de cinéma se démène contre les vents contraires pour réaliser un film de zombies au rabais. Calquée sur une parodie de nanar ayant rencontré un vif succès au Japon, la nouvelle comédie de Michel Hazanavicius se veut aussi ludique que jubilatoire. Un régal.

Steve Henot

Le7.info

Présenté en ouverture du festival de Cannes (hors compétition), le dernier film de Michel Hazanavicius est un drôle d’objet cinématographique. Coupez! s’ouvre ainsi sur un plan-séquence de trente minutes qui met en scène une équipe de cinéma, à l’œuvre sur un film de zombies à (très) petit budget. Mais l’irruption de « vrais » morts-vivants sur le plateau vient perturber les plans du réalisateur. A l’image du scénario, tout ici confine au navet : les acteurs semblent livrés à eux-mêmes, la caméra est hasardeuse et l’action totalement absurde… On craint alors d’assister à un authentique ratage du réalisateur oscarisé, même pour une parodie de série Z.

Mais passé cette intro déconcertante, Coupez! révèle son véritable sujet : la fabrication de ce nanar, qui n’était en réalité qu’un film dans le film. On découvre alors que ledit projet partait de loin, entre un concept hautement foireux -tourné et diffusé en direct, sans filet pour le lancement d’une plateforme de VOD- et une équipe en roue libre. Le contexte posé, retour sur le plateau dans les coulisses de ce tournage (très) mouvementé. Le ridicule du film s’éclaire alors, chaque moment de flottement trouvant sa justification dans une foule d’imprévus hilarants -car pourtant prévisibles-. La mise en abyme du début prend alors tout son sens, à la fois mordante, ludique et profondément jubilatoire. Mais Coupez! n’est pas qu’un exercice de style réussi, c’est une comédie qui témoigne d’une véritable science du dialogue, d’une grande tendresse pour ses personnages de losers magnifiques (casting au top, Duris en tête), au cinéma en général et à l’art génial de la débrouille. Hazanavicius célèbre là l’acte pur de création, qui ne se sublime que dans le collectif, la fédération des énergies, qu’importe le résultat à l’arrivée. Furieusement positif, ce remake d'un film d’étudiants japonais devenu culte est du grand art. Chapeau l’artiste !

Comédie de Michel Hazanavicius, avec Romain Duris, Bérénice Béjo, Finnegan Oldfield (1h50).

DR

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