Mutualiser des compétences. Une partie de la solution face à la pénurie de main- d’œuvre qualifiée est peut-être là. Dans la Vienne, les groupements d’employeurs apportent de la flexibilité aux entreprises et de la sécurité aux salariés.

Romain Mudrak

Le7.info

Et si un chauffeur de car scolaire, qui officie matin et soir, pouvait devenir serveur le midi, valet de chambre à d’autres moments ? 
Une expérimentation est en cours dans la Vienne. Elle cible particulièrement les secteurs des transports de voyageurs et de l’hôtellerie-restauration, qui connaissent des difficultés identiques en matière de recrutement. 
« Pour les salariés, cette organisation permettrait d’éviter les coupures en journée, d’atteindre un temps complet », 
précise Julie Vandôme, directrice d’Horizon Métiers. Ce groupement d’employeurs poitevin alimente déjà 60 entreprises avec ses 25 salariés mutualisés. Désormais, il pilote cette initiative qui fédère non seulement les branches professionnelles concernées mais aussi la Région, Pôle Emploi et le ministère du Travail. « On interroge en ce moment les conducteurs de car en poste et donc déjà formés, qui chercheraient un complément de revenus. » 
Ce genre de démarche pourrait aussi intéresser les animateurs périscolaires trop souvent soumis à du temps partiel subi.

L’atout de la flexibilité

Le groupement d’employeurs est un modèle alternatif qui existe depuis la fin des années 1980, particulièrement dans le milieu agricole picto-charentais, précurseur dans le domaine. Toutefois, cette organisation du travail reste relativement méconnue. Le principe ? Les GE emploient des salariés en CDI à temps complet ou partiel et les mettent à disposition d’entreprises clientes. Premier avantage, la flexibilité. « Souvent, elles ont du mal à trouver le bon profil ou n’ont pas les capacités financières de lui proposer un temps plein, reprend Julie Vandôme. Pour elles, les salariés mutualisés constituent un vivier de compétences. » Ensuite, qu’ils soient très spécialisés ou multisectoriels, les GE sont aussi des experts en recrutement. C’est la base de leur métier.

De leur côté, les salariés acquièrent une expérience incomparable en peu de temps. « Ils sont très polyvalents et on accompagne leur progression à travers des formations », souligne Jeanne Passa-Koumba, directrice d’agence chez Solutions Compétences, plutôt spécialisée dans l’industrie mais qui vient d’ouvrir une antenne dédiée aux services sur la Technopole du Futuroscope. Certains enchaînent deux entreprises par semaine, d’autres changent d’entreprise seulement six à dix fois dans l’année. Parfois, les « clients » finissent par débaucher le collaborateur pour le recruter directement.

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