Misanthrope, une traque incarnée

Une jeune enquêtrice participe à la traque d’un tueur de masse imprévisible. Signé de l’Argentin Damian Szifron, ce thriller sort du lot par son ton très réaliste, dénué d’héroïsme. Avec, en filigrane, une plongée dans les peurs qui agitent les Etats-Unis.

Steve Henot

Le7.info

Baltimore, nuit du Nouvel An. Du haut d’un gratte-ciel, un sniper exécute vingt-neuf civils de sang-froid, sans laisser la moindre trace. La police et le FBI sont sur le coup, prêts à tout pour retrouver ce dangereux individu, sans mobile évident et au mode opératoire imprévisible. A la tête des opérations, l’agent fédéral Lammarck enrôle Eleanor, une enquêtrice novice mais perspicace. Le profil trouble de la jeune femme pourrait l’aider à cerner l’esprit du tueur et ainsi à retrouver sa piste…


D’une violence aussi sourde qu’inouïe, l’ouverture de Misanthrope donne le ton d’un film rude. Pour son tout premier thriller, le réalisateur argentin Damian Szifron impressionne très vite par sa maîtrise des codes d’un genre éprouvé, imprimant un rythme, un suspense et une tension soutenus de bout en bout. Mais il se démarque par un regard à la fois froid et pointu sur le contexte américain (tendance à la surconsommation, montée de l’alt-right, jeux de pouvoir), sans jamais forcer le trait. Ici, point de héros ou de grand criminel, il n’y a que des personnages ordinaires aux motivations ambiguës (un casting pertinent). Voilà donc un thriller remarquablement écrit, bien plus incarné que la moyenne et qui, dans son final, peut se lire comme une ode à l’empathie, capable de guérir les maux de l’existence et de la société. Une très, très bonne surprise. 


Thriller de Damian Szifron, avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo (1h58).

DR

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