[MISE à JOUR 11h30] Poitiers et Châtellerault en proie à des tensions cette nuit

[MISE à JOUR 11h30] La maire de Poitiers et le préfet de la Vienne ont pris la parole dans la matinée après événements violents de la nuit. Des groupes "d’une cinquantaine à une centaine d’individus" se sont opposés simultanément aux forces de l'ordre. Des cellules d'écoute sont ouvertes dans les quartiers concernés.

Le7.info

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MISE à JOUR 11h30
L’émotion était encore vive ce matin aux Couronneries parmi les habitants empêchés de faire leurs courses dans le centre commercial de la place de Provence, dont une partie a été ravagée par les flammes. L’une d’elle a interpellé la maire de Poitiers arrivée très tôt sur place : « On habite juste derrière, on sentait la tension monter chaque jour un peu plus, il faut réagir maintenant, on attend quoi ? Qu’il y ait un mort ? » Un peu plus loin, Solange Laoudjamai, conseillère municipale d’opposition, très attachée au quartier, a réagi sous le coup de l’émotion : « Les quartiers, nous nous punissons nous-mêmes. Qui vient à la mairie de quartier, à la boulangerie, à la banque ? On doit sortir de nos immeubles les mamans ! Ce sont nos enfants ! »


Quelques minutes plus tard, Léonore Moncond’huy a réagi lors d’une conférence de presse commune organisée avec le préfet sur le parking du centre : « Ce matin, la ville de Poitiers s’est réveillée après une nuit de violence d’une ampleur inédite et extrêmement lourde de conséquences. Une colère s’exprime dans le pays suite à la mort de Nahel, mais j’entends surtout la colère des habitantes et des habitants qui se réveillent avec des équipements pris pour cible comme la mairie annexe, la poste, les commerces qui sont leurs biens communs du quotidien. »

« Des groupes d’une cinquantaine à une centaine d’individus »

De son côté, le préfet est revenu sur le déploiement des forces de sécurité cette nuit : « Le dispositif policier est monté en puissance tout au long de la soirée, d’abord avec le renfort de la gendarmerie (PSIG) à Châtellerault puis à Poitiers. Près de 150 personnes étaient mobilisées. Nous avons effectué des rappels d’agents qui venaient de terminer leur journée. Ils seront là ce soir. Les équipages étaient présents mais nous avons eu de multiples fronts. » Il a évoqué « des groupes d’une cinquantaine à une centaine d’individus ». Les pompiers ont parfois été gardés à distance, empêchés d’intervenir par ces mêmes groupes d’individus armés de mortiers. C’est aussi pour cette raison que seuls deux casseurs ont été interpellés cette nuit à Châtellerault.

Un nouveau dispositif ce soir
Le préfet va prendre plusieurs arrêtés dans l’après-midi pour interdire le transport d’artifices ou de carburant. La question du couvre-feu sera tranchée au niveau national. En attendant, l'éclairage public sera rallumé partout jusqu'à nouvel ordre. Concernant la manifestation des Soulèvements de la terre prévue ce soir, le préfet a indiqué : « Nos policiers et nos gendarmes ont déjà fait une double journée. La responsabilité voudrait que les organisateurs réfléchissent aux conséquences du maintien de cette mobilisation. L’énergie qu’ils mettront à sécuriser le centre-ville, ils ne la mettront pas dans les quartiers. »

Cellule psychologique d’écoute
Depuis les premières heures du jour, les agents de la Ville et de l'Etat sont à pied d'oeuvre pour sécuriser et nettoyer les espaces dégradés. Par ailleurs, une cellule psychologique d’écoute a été déployée dans les locaux du centre d’animation des Couronneries. Idem dans les écoles du quartier pour les élèves et les enseignants. A Bel Air et Beaulieu, les services de la Ville iront recueillir la parole des habitants.

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ARTICLE DE 9h30

Comme dans de nombreuses autres villes françaises, la nuit a été très agitée à Poitiers et Châtellerault, trois jours après que le jeune Nahel a été tué par un policier à Nanterre. A Châtellerault, c'est dans le quarter d'Ozon que des violences urbaines se sont déroulées. A Poitiers, plusieurs groupes de jeunes masqués ont incendié du mobilier urbain (8 caméras de vidéosurveillance), des dizaines de poubelles et des véhicules (16). "Ils ont tendu des guets-apens aux forces de sécurité et de secours pour les cibler de centaines de tirs de mortiers d’artifice. Deux policiers ont été blessés", précise ce matin la préfecture de la Vienne. Le bilan matériel est lourd. Trois bureaux de police ont été touchés, dont celui des Trois-Cités parti en fumée. Ceux de Bel-Air et des Couronneries ont été endommagés à l'aide de véhicules béliers incendiaires. Plusieurs bâtiments publics ont aussi été incendiés ou saccagés, dont la mairie annexe et les banques postales des Trois-Cités et des Couronneries, ainsi que la médecine scolaire des Trois-Cités. Au moins une vingtaine de commerces ont été pillés (opticiens, téléphonie, tabacs), saccagés ou détruits aux Trois-Cités, aux Couronneries et aussi à Châtellerault. Sept des seize cellules du centre commercial des Couronneries ont été détruites. Ces événements se sont déroulés entre 23h et 5h du matin. 150 policiers, gendarmes et pompiers étaient sur le terrain. Une cellule de crise a été ouverte par la préfecture de la Vienne. La maire de Poitiers Léonore Moncond'huy et le préfet Jean-Marie Girier tiennent une conférence de presse ce matin devant le centre commercial des Couronneries.

 

🔴 Retour sur une nuit de violences à #Poitiers et #Châtellerault

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— Le7info (@le7info) June 30, 2023

Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers : « L’émotion suite au décès du jeune Nahel est forte dans le pays comme à Poitiers, et la justice devra être exemplaire à cet égard. Les violences de cette nuit sont toutefois inacceptables. Je condamne fermement les violences survenues à Poitiers cette nuit dans plusieurs quartiers de Poitiers : Couronneries, 3 Cités, Bel-Air, Chilvert. Plusieurs équipements publics, dont la Mairie annexe des 3 Cités, les commissariats de secteur des Couronneries, des 3 Cités, de Bel Air, ainsi que de nombreux commerces, et des habitations, ont été détruits, vandalisés ou pillés. Ce sont des biens communs au cœur des quartiers populaires : il n’y a aucun sens à faire payer la colère aux habitants, aux familles, qui ont quotidiennement besoin de ces services à proximité de chez eux. 

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