Lionel Bertrand coache toutes les cases

Lionel Bertrand. 48 ans. Ancien dirigeant de l’entreprise familiale Rannou-Métivier, fabricant de macarons à Montmorillon. Devenu coach de dirigeants et d’équipes. Batteur et mélomane, adepte du théâtre d’improvisation. Signe particulier : réfléchi et drôle, au-delà des apparences.

Arnault Varanne

Le7.info

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle attirent chaque année des dizaines de milliers de randonneurs. Lionel Bertrand a passé « deux fois quatre jours » au milieu de nulle part, mu par ses envies d’ailleurs, de « reconnexion avec la nature ». C’est fou le bien qu’on peut se faire « juste avec une paire de baskets et un sac à dos. Une journée de rando sous la pluie n’est pas forcément une mauvaise journée ! » Loin de son domicile de Saint-Benoît et du berceau familial de Montmorillon, l’ancien dirigeant de Rannou-Métier a apprécié la parenthèse hors du temps, des affaires et du désordre du monde. Passer treize ans à co-diriger une institution comme Rannou, fabricant centenaire de macarons et chocolats, constitue à la fois une « matrice » et un horizon parfois indépassable. Alors pour « continuer à [se] développer », l’ingénieur de formation a « pris un autre chemin », celui du coaching. « C’est toujours difficile de s’éloigner d’un environnement protecteur, mais je voulais voir ce que je pouvais, à mon niveau, avec l’expérience emmagasinée, apporter au monde. » 

Préoccupé par le sens

L’expression pourrait paraître un brin ronflante. Pas de suffisance dans ses propos. Le quadragénaire soupèse ses mots, les susurre presque, moins préoccupé par l’éloquence que par le sens. Comme dirigeant de Lead & All, Lionel Bertrand intervient auprès de chefs d’entreprise et de salariés pour leur montrer, via des conférences, que « le critère de la performance n’est pas suffisant » pour apprécier la réussite d’une entreprise. Il développe : 
« Le résultat immédiat peut créer autour de lui du chaos, du désordre, alors que si l’on travaille sur les relations, on peut créer du bien-être, de la performance, du dépassement de n’importe quelle situation... Le problème, c’est que ce tissu relationnel est affecté par nos peurs, nos insécurités. »

En disciple de Robert Dilts et Stephen Gilligan, deux maîtres du coaching génératif, le consultant s’efforce de passer le message auprès de ses interlocuteurs. Une philosophie (presque) de vie qui se rapproche aussi de la performance globale -économique, sociale, sociétale, environnementale- chère au Centre des jeunes dirigeants, dont il fut le président de l’antenne locale. L’alignement des planètes, partout et tout le temps, une utopie ? « Je suis persuadé qu’on y arrivera un jour, le monde sera plus harmonieux ! », répond-il. Le père de famille y croit sincèrement, au plus profond de lui et pour l’avenir de ses filles de 
17 et 9 ans. Son mantra vise cet objectif : « éveiller les consciences, apaiser les souffrances ».

« Susciter l’adhésion »

Celui que ses camarades de classe qualifiaient jadis de « sérieux mais drôle » a vécu deux expériences professionnelles qui l’ont « alerté » sur la nécessité d’être « aligné » avec ses valeurs. Son année en Bolivie -où il a rencontré la mère de ses enfants- comme bénévole au sein d’une ONG d’aide au développement a renforcé ses convictions. Lionel Bertrand est un cérébral, qui n’aime rien tant, par contraste, que pousser la chansonnette, s’adonner au théâtre d’impro avec la Ludi Poitiers ou encore jouer de la batterie. « Ado, je faisais partie d’un groupe qui s’appelait Les Ramblers avec notamment Nicolas Moro. C’étaient des années très sympas ! » Si le patriarche Patrick est un fondu de musique classique -il a fondé l’association Figaro Si Figaro Là -, lui verse plutôt dans le blues et 
« certains types de jazz ».

Et l’humour là-dedans ? Le Montmorillonnais a longtemps appris par cœur les sketchs de Coluche, Le Luron et compagnie. Dans ses conférences, il n’hésite pas à utiliser cette arme de persuasion massive pour « susciter l’adhésion ». 
Comme ses contemporains, Lionel Bertrand cherche à améliorer les relations sociales. Plus qu’un job, presqu’une mission. 
« C’est comme si j’avais semé ces petits cailloux sur mon chemin depuis l’enfance... Je suis dans une belle dynamique. » La route est encore longue, mais il sait où il veut aller et comment trouver la sérénité nécessaire à son épanouissement.

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