Reconversion : les questions à se poser

A la tête du cabinet Kaphisto RH, Karine Billaud rencontre régulièrement des salariés qui souhaitent changer de métier. Sa méthode pour les amener à faire les bons choix en conscience.

Arnault Varanne

Le7.info

L’étude de l’institut Ifop date d’avril 2022, mais reste valable. 87% des Français interrogés envisagent une reconversion professionnelle, d’abord pour des questions liées à la qualité de vie (36%) ensuite en raison de leur niveau de rémunération (29%). Mais sont-ils aussi nombreux à réellement franchir le pas ? Non ! Karine Billaud compte des clients dans tous les secteurs d’activité et l’une de ses missions consiste précisément à proposer des repositionnements professionnels pour des salariés en quête de réponses. « On étudie avec eux toutes les possibilités : rester sur le même poste ou changer, pourquoi on veut partir ? Est-ce que le métier ne convient plus ou est-ce la structure ? Y’a-t-il un problème de management ? Une nouvelle étape dans sa vie ? »

« La rémunération, un point de vigilance »

La dirigeante de Kaphisto RH s’entretient avec « beaucoup de salariés de plus de 40 ans qui ont déjà un parcours professionnel derrière eux ». « Certains se sentent mal dans leur environnement professionnel, d’autres s’ennuient. On commence par faire plusieurs cercles et on voit lesquels se rejoignent. Le sujet de la rémunération est notamment un point de vigilance, surtout quand on a une famille. » 
Analyse de la situation professionnelle, du mode de fonctionnement, recensement des qualités et défauts, retour sur son parcours... La phase de diagnostic préalable est à ne pas négliger. « Il est très rare que les tâches professionnelles soient mises en cause, la plupart du temps la réflexion intervient par rapport à l’environnement. »

Etudier la faisabilité

Reprendre un poste de salarié ou lancer sa propre structure, appréhender un nouveau secteur d’activité ou une nouvelle entreprise... La phase 2 de la reconversion passe par une projection confrontant « ses envies et la faisabilité réelle ». Parfois les deux se rejoignent, parfois non. « Par exemple, poursuit Karine Billaud, quelqu’un qui souhaite se lancer dans une nouvelle activité nécessitant des qualifications devra s’interroger sur le coût d’une formation et sa prise en charge. » Au-delà, 
« un cadre qui aspire à moins de responsabilités devra sans doute revoir à la baisse son niveau de rémunération ». En résumé, une reconversion nécessite un vrai travail d’introspection.

Existe-t-il d’ailleurs un mythe de l’indépendance ? Tout le monde peut-il, demain, devenir travailleur indépendant ? « C’est une aspiration très marquée, mais qui se heurte parfois à la réalité, par manque de culture économique », tranche la dirigeante. Une étude de l’Insee a ainsi montré en juillet 2023 qu’il existe de grandes disparités de revenus parmi les presque 
4 millions de travailleurs indépendants français (+ 8,4% en 2021). 11% ont même déclaré un revenu d’activité nul ou déficitaire car ils n’ont pas dégagé de bénéfices ou ne se sont pas versé de rémunération.

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