L’agrivoltaïsme, nouvel eldorado ?

Dans la Vienne, près d’une trentaine de projets d’agrivoltaïsme seraient actuellement à l’étude et six déjà autorisés. Un décret est attendu pour encadrer le développement de ce nouveau modèle mêlant production agricole et d’énergie solaire.

Arnault Varanne

Le7.info

Dix agriculteurs et une ambition inscrite dans un nom : Agri Valdi Vert. Leur projet : mêler élevage ovin (700 moutons), production de céréales, de légumineuses, de cultures fourragères, de semences, de plantes aromatiques... et production d’énergie solaire. A Valdivienne, les protagonistes tablent sur 200ha de panneaux photovoltaïques répartis en plusieurs îlots. Un investissement de 60M€, supporté par le développeur GLHD. Avec un discours clair : « C’est un projet de territoire, concerté, qui mêle des dimensions économique et environnementale. On est réellement sur de l’agroécologie », assure Simon Bourdin, président de l’association porteuse.

Selon la préfecture de la Vienne, 29 projets seraient à l’instruction dans les services de l’Etat et six auraient déjà le feu vert de l’administration. Agri Valdi Vert n’en fait pas partie, notamment parce qu’un collectif de riverains s’est manifesté pour faire valoir son opposition. Une nouvelle réunion de concertation doit avoir lieu dès cette semaine. L’agrivoltaïsme, nouvel eldorado ? Sylvain Frédéric tempère. « L’agrivoltaïsme a beaucoup de vertus potentielles, développe le dirigeant d’Enervivo, un bureau d’études spécialisé dans la conciliation entre agriculture durable, adaptation aux changements climatiques et production d’énergies renouvelables. Mais il faut bien travailler en amont les synergies entre les deux domaines, l’agronomie d’un côté, l’électricité de l’autre. C’est en tout cas un moyen de se protéger des aléas climatiques, comme la grêle ou le gel tardif, qui vont être récurrents. Il faut davantage voir l’agrivoltaïsme comme un moyen de dégager un revenu stable, sans évidemment se substituer à l’activité agricole. »

Un potentiel important

En France, seule 0,4% de la surface agricole utile est recouverte de panneaux, soit une production d’« à peine 16GWh alors que le potentiel est entre 120 et 140GWh », reprend Sylvain Frédéric. L’ingénieur agronome attend avec impatience la sortie du décret fixant les règles à respecter, a priori 40% maximum d’une parcelle, avec au final au minimum 90% du rendement moyen observé dans le département. « Ce décret vise à mettre des garde-fous pour ne pas entraîner les agriculteurs à faire n’importe quoi, estime Jérôme Bourgeois, directeur communication, marketing et concertation de GLHD. Ce sont des projets à 40 ans, la question du démantèlement, par exemple, doit être tranchée. »

En attendant le fameux cadre réglementaire, des initiatives voient le jour. L’année dernière, la Maison Mitteault, à Chalandray, a recouvert 2,5ha de ses terres d’ombrières photovoltaïques. Un investissement à 5M€ assumé en grande partie par Zénith Solaire.

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