
Hier
Elle est attirée par le droit « depuis toute petite », sans idée précise de son futur métier. Avocate ou juge ? Pourquoi pas ! « J’ai aussi découvert les sciences politiques récemment, cela pourrait être un débouché », glisse Salematou Bangoura. L’élève en terminale à Aliénor-d’Aquitaine s’est aussi découvert des talents d’oratrice, matérialisés par sa victoire au concours national d’éloquence d’Ambition Campus, dans les locaux de Sciences Po Paris. C’était le 26 avril dernier, autant dire hier, et la jeune femme reste sur son petit nuage. « Je suis quelqu’un d’excessivement timide. Au départ, je ne voulais pas le faire... », se rappelle-t-elle. Ça, c’était avant que l’association Ambition Campus, qui œuvre pour la promotion de l’égalité des chances dans l’enseignement supérieur, ne sème une petite graine au lycée.
Avec d’autres copines, Salematou s’est finalement laissé tenter par le discours de ses interlocuteurs. Elle a d’abord planché sur la formule d’Erasme : « On ne naît pas ambitieux, on le devient ». Quatre jours de remue-méninges pour cinq minutes de prestation. « Et comme je suis très perfectionniste, j’ai modifié le texte jusqu’au bout », avoue la jeune Poitevine. La première épreuve remportée haut la main, la future bachelière a poursuivi en demi-finale, se frottant à une autre citation : « Les idées sont-elles plus fortes que les hommes ? » « Là, il fallait traiter le sujet de manière positive. » Le jury est tombé sous le charme de son seul-en-scène, nourri « par les bons arguments ».
Le meilleur pour la fin ! A Sciences Po Paris, cinq cents personnes ont écouté Salematou disserter dix minutes -en sixième position, face à neuf autres concurrents- sur une phrase marquante de Thomas Sankara, ancien président du Burkina-Faso : « Il faut choisir entre du champagne pour quelques-uns et de l’eau potable pour tous ». « Exactement le sujet qui me convient, auquel je me suis identifiée. » Avec le résultat que l’on sait. « Monter sur scène, c’est assez impressionnant. Je ne pensais vraiment pas gagner, peut-être le top 3... » Sa famille l’a étreinte juste après les délibérations du jury. « J’ai pu voir la fierté de ma mère et cela m’a vraiment comblée », commente la fille d’immigrés guinéens dont la seule boussole tient en sept lettres : travail.
Amoureuse d’auteurs tels que Sartre, Kant ou Simone Weil, la lycéenne est « persuadée qu’on peut y arriver en étant issu d’une famille modeste », même si elle reconnaît qu’« on ne se sent pas intégré dans la vie de tous les jours ». Droit ou sciences politiques ? L’avenir le dira.
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