
Aujourd'hui
10 septembre 2024. Natacha Khali et ses huit collègues apprennent du jour au lendemain que leur entreprise dépose le bilan. Si quelques signaux trahissaient une situation financière fragile, rien ne laissait présager une liquidation judiciaire. « L’ancien gérant était très discret sur l’état réel des comptes », confie-t-elle. Le choc est soudain et la déception de quitter une activité dans laquelle elle s'épanouit est totale. Animée par son métier et par l’identité d’un lieu emblématique, premier et unique hammam oriental à Poitiers, la jeune entrepreneuse en devenir refuse de voir L’Oriental Hammam, créé en 2004, cédé à d’autres. « J’ai dû contracter un prêt pour soutenir mon dossier auprès du mandataire judiciaire. Le courrier m'annonçant officiellement la reprise n’était même pas encore reçu que j’apprenais déjà que je devais payer les salaires de mes cinq collègues. »
Hormis quelques cours de management durant ses études, la jeune trentenaire n'était pas programmée pour devenir cheffe d’entreprise. Et pourtant, début novembre, la reprise est actée. Le 14 novembre, six esthéticiennes -trois anciennes et deux nouvelles- intègrent la « nouvelle » structure. Réaménagement des locaux, communication ciblée, fidélisation des clients : la réouverture de L’Oriental Hammam est officielle début décembre. Mais là n’est pas le seul soubresaut auquel a dû faire face l’équipe. Plus de 1 000 bons, d’une valeur unitaire de 85 à 100€, restent impayés et non honorés. « Impossible de rembourser autant de clients. Et je ne peux pas non plus assurer les soins promis. Les plaintes ont afflué sur les réseaux sociaux et le téléphone n'a cessé de sonner », déplore-t-elle.
Regagner la confiance
Comme le rappelle si bien la nouvelle dirigeante, « un client mécontent en entraîne dix ». Alors comment repartir de l’avant après de telles mésaventures ? Réponse de la principale intéressée : ne rien changer. Garder les principes qui ont fait de l’établissement une institution du bien-être depuis deux décennies. Cérémonie bain turc, massage et épilation à l’orientale et son hammam faïencé de 60m²... Rien n'a changé. Pas même le thé à la menthe apprécié des habitués. « Les anciens reviennent, mais cela demande du temps. Ils se sont sentis trahis. On leur explique que nous n’avons rien à voir avec l’ancien gestionnaire. » Rythme de croisière trouvé, finances stabilisées, la dirigeante prévoit de faire un geste pour dédommager les clients lésés et de renforcer l’équipe à la rentrée avec l’arrivée de deux apprentis.
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