Pour les entreprises du bâtiment, dont les carnets de commande sont en berne, 2010 pourrait s’avérer pire que 2009.
La crise n’a pas encore vécu. La récente mise en redressement judiciaire de l’entreprise de peinture Debuschère SA vient le rappeler : les 1 100 entreprises du bâtiment de la Vienne souffrent sûrement davantage en ce début 2010 qu’en 2009. “C’est vrai que les remontées du terrain, des entreprises de gros oeuvre plus particulièrement, attestent que la conjoncture n’est pas bonne.” Philippe Huet, secrétaire général de la Fédération française du bâtiment de la Vienne, ne se cache pas derrière son petit doigt. Oui, la crise est là. Sournoise en 2009, dévastatrice depuis quatre mois. Les défaillances d’entreprises se succèdent. Les licenciements aussi, après la valse des intérimaires en 2009 (moins 80 000 en France entre 2009 et 2010).
500 emplois détruits
Les chiffres sont têtus. En un an, le secteur a perdu 500 emplois dans la Vienne (7 369 contre 7 854). Un autre signe ne trompe pas. Les demandes d’échelonnement des charges ou cotisations sociales progressent. Un phénomène amplifié par la frilosité des banques, toujours peu disposées à lâcher du lest sur les crédits de trésorerie. “Pourtant, l’Etat a mis en place de nombreux dispositifs pour atténuer les effets de la crise”, concède la FFB. Le doublement du prêt à taux zéro, l’éco-prêt, la médiation du crédit, le dispositif de défiscalisation dite loi Cellier, les crédits d’impôts (…) ne suffisent hélas pas. Le problème aujourd’hui, c’est que la crise nourrit la crise. “Les professionnels, insiste Philippe Huet, répondent à des appels d’offres à des tarifs indigents, jusqu’à 50% plus bas que ceux pratiqués il y a deux ou trois ans. Ils n’ont pas d’autre choix pour garnir leurs carnets de commandes. Et comme les coûts des matières premières restent élevés, les marges sont très réduites.” Moins de 3% en moyenne. Un chiffre des moins rassurants au regard de cette évidence : les bénéfices d’aujourd’hui abonderont les investissements de demain.