Arena Futuroscope : les clés du succès

Le Département souhaite construire une Arena?de 6 000 places au Futuroscope, à l’horizon 2021. Une bonne idée, vraiment ? «Oui», répondent les professionnels du spectacle et du sport, à condition de respecter quelques règles élémentaires.

Arnault Varanne

Le7.info

Les Poitevins en ont longtemps rêvé, le Département veut exaucer leur souhait. Si le volontarisme politique est une qua- lité, le pragmatisme en est une autre. Sans attendre les résultats de l’étude de faisabilité, promise pour la mi-2017, la rédaction a cherché à comprendre les ingrédients du succès de complexes tels que l’Arena Loire de Trélazé, le Palio de Boulazac (notre photo) ou... l’Ekinox de Bourg. Avec ses 3 900 places assises en configuration basket -5 000 pour les spectacles-, la salle de la JL Bourg, fait figure d’exemple dans sa dimension multi-activités. « Le sport et la culture y sont parfaitement compatibles parce que nous travaillons en bonne intelligence avec l’exploitant (la Sogepea, Ndlr), assure Fabrice Pacquelet, directeur administratif et financier du club. Dans ce type de projet, le travail sur les besoins en amont s’avère essentiel. »

« Il faut un club résident »

Anthony Thiodet ne dit pas autre chose. « L’exploitation d’une Arena n’est viable sur le plan économique que si on cumule des événements sportifs et des concerts, spectacles vivants... », estime le gérant de la SAS AddedValue, dont l’activité consiste à conseiller les clubs et les entreprises qui planchent sur de grandes salles. C’est le cas à Tremblay-en-France, où un vais- seau de 8 000 places pourrait sortir de terre en 2021. Et pas seulement pour les besoins du club de hand local. « Il faut un club résident dans une Arena. D’abord parce qu’il offre une garantie de fréquentation minimale sur les années futures. Ensuite parce que le club peut développer des activités économiques grâce à la salle. A Poitiers, tout est entre les mains du PB86 », renchérit l’ancien dirigeant de l’Asvel Basket.

Bourg mise sur l’innovation

Du côté du PB86, justement, on se réjouit de l’annonce faite par Bruno Belin. « On l’a toujours dit, Poitiers a besoin d’une grande salle pour développer le sport, reconnaît Louis Bordonneau, son président. De notre côté, nous portons un projet intitulé Cap 2020, qui doit nous ramener en Pro A au plus tard à cette date. Ce serait bien d’y être quand cette salle ouvrira. » Par le passé, le PB a prouvé à maintes reprises qu’il pouvait remplir une enceinte de près de 5 000 places. Le peut-il encore ? « Là-dessus, reprend Anthony Thiodet, tout dépend du spectacle proposé. Il faut aller au-delà du sportif. Pour attirer des gens dans une salle, on doit leur proposer un spectacle total. »

A l’Ekinox de Bourg, les dirigeants de la «Jeu» ne se sont « pas battus sur la jauge », mais sur l’innovation. « Nous avons été la première salle au monde à bénéficier de la technologie Arena Vision Led de Philips, témoigne Fabrice Pacquelet. Ce qui nous permet, entre autres, de proposer du basket et de l’entertainment. » Et d’attirer un public féminin (42%) et jeune (35% de moins de 25 ans). A la tête d’AZ Prod, Julien Lavergne émet, lui, quelques réserves sur la capacité annoncée à l’Arena Futuroscope. « 6 000 places, c’est beau- coup. Poitiers a-t-il le potentiel suffisant ?, s’interroge le program- mateur. Entre Tours et Nantes, où l’offre est fournie, la question se pose. » Le « gigantisme », Trélazé se l’est pourtant offert avec son Arena Loire (6 500 places en mode concert). Et François Steinebach, adjoint en charge de la Culture et du Sport, n’a qu’un conseil à donner aux Poitevins : « Pensez à faire une salle de spectacle dans laquelle on peut faire du sport et pas l’inverse... »
 

 

François Steinebach : « Nous sommes à l'équilibre »
« L’Arena Loire correspond parfaitement à nos attentes. Financièrement, nous sommes à l’équilibre avec dix-huit événements par an, soit plus qu’en 2014 (13) et 2015 (15). Au final, l’Arena Loire nous a coûté 18,5M€ HT, soit 21M€TTC, sans compter les voies d’accès autour et les parkings. Il faut voir que nous avons fait le choix de construire un gymnase attenant, ce qui signifie que l’Arena nous a en réalité coûté 12M€. Si je n’ai qu’un seul conseil à donner, c’est de penser à la modularité d’un tel équipement. Aujourd’hui, nous sommes capables de passer de 800 à 6 500 places en quelques heures. »


Crédit - Photo NR Photo - Cabinet Bernard Chinours

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