Le Brexit fragilise la recherche

Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne aura aussi des conséquences sur la recherche poitevine. L'occasion de faire le point, dans ce deuxième volet de notre série, sur les collaborations entre l'université de Poitiers et ses homologues britanniques.

Romain Mudrak

Le7.info

Horizon 2020. C’est le nom de code donné au programme actuel de financement de la recherche et de l’innovation de l’Union européenne. Il est doté de 79Md€ pour la période 2014-2020 afin de soutenir les travaux des équipes de recherche des vingt-huit pays membres, et surtout de favoriser leurs collaborations. Les laboratoires de l’université de Poitiers sont impliqués dans une quinzaine de projets européens, essentiellement dans les domaines des transports, de l’aéronautique, de la biologie et de la santé. Dans un cas sur deux, ils ont à leur côté des partenaires... britanniques.

Alors, quid de la pérennité de ces coopérations après le Brexit ? Logiquement, en cas de no deal, la participation des équipes du Royaume-Uni à ces programmes européens ne sera plus financée du jour au lendemain. Plus raisonnablement, on peut imaginer qu’un délai de retrait sera déterminé pour leur laisser le temps d’accomplir leur part. L’autre nuance à apporter, c’est qu’en réalité, chaque projet englobe une trentaine de partenaires de différents pays. Finalement, « trois projets dans le transport, le nucléaire et la santé seront plus fortement impactés que les autres car ils intègrent des partenaires ma- jeurs comme les universités de Cambridge, d’Oxford ou encore l’industriel Rolls Royce », selon Cédric Lebailly, directeur adjoint des Partenariats et de la valorisation de la recherche, service commun à l’université de Poitiers, au CNRS et à l’Ensma.

Avenir incertain
Si Poitiers n’est « pas Britanico-dépendant », comme le rappelle cet expert, écarter les Anglais revient toutefois à « se priver de grandes compétences ». Sans compter les relations d’amitié tissées au fil des an- nées par les équipes. Et après ? Rien n’assure aux Britanniques de pouvoir intégrer le futur programme Horizon Europe, successeur d’Horizon 2020. « Ce genre de projets de recherche se prépare longtemps à l’avance, reprend Cédric Lebailly. Depuis deux ans déjà, nous déconseillons aux équipes de déposer des projets avec des Britanniques car face à la concurrence, ils ont moins de chances d’être sélectionnés. » De son côté, Christine Fernandez-Maloigne, vice-présidente de l’université en charge des Relations internationales, voit déjà poindre des difficultés concrètes en termes de confidentialité des recherches. « Dans mon laboratoire X-Lim, certaines zones sont en accès restreint. Il faudra sûrement de nouvelles autorisations à nos collègues du Royaume-Uni. »

Erasmus sans les Britanniques
Après le Brexit, les étudiants poitevins ne pourront plus passer six mois au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus. Toutefois, ce n’était pas leur destination préférée (49 sur 320 départs). Beaucoup de Poitevins privilégient en fait les universités d’Europe du nord qui dispensent aussi leurs cours en anglais, même si ce n’est pas leur langue of- ficielle. En réalité, ce sont plutôt les étudiants anglais (140 sur 730 arrivées d'Européens) qui pâtiront davantage du Brexit si aucun accord n’est trouvé.

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