Dans la Vienne, des festivals dans l'expectative

Se dirige-t-on vers un été sans festivals de musique ? Dans la Vienne, la question est sur toutes les lèvres du milieu culturel. Plusieurs rendez-vous ont déjà été annulés ou reportés. D'autres, programmés après le 15 juillet, attendent fébrilement une décision des pouvoirs publics.

Steve Henot

Le7.info

La Voix du Rock, Mélusik, les Berges du Miosson, Jazeneuil en Fête, Biard dans les Airs, Le Chant des Grôles, le Lavoir électrique... Après l’annonce présidentielle de l’interdiction de tout festival d’ici au 15 juillet, bon nombre de rendez-vous estivaux associés au collectif Vienne Fest' n'ont eu d'autre choix que d'annuler ou de reporter à 2021. Dernier en date : les Soirées lyriques de Sanxay« A priori, cette situation ne met pas beaucoup de nos festivals en péril », assure Richard Puault, membre du collectif. Le Département de la Vienne a déjà assuré les associations culturelles du territoire du maintien de leurs subventions, que leurs manifestations aient été annulées ou non.

 

Certains événements, programmés à la fin de l'été, restent toutefois dans l’expectative. C'est le cas notamment de Monta'music, toujours prévu pour le 22 août prochain. « J'ai l'impression que c'est cramé, confie toutefois Richard Puault. Au-delà de l'interdiction, comment pourrions-nous gratter à la porte de nos partenaires privés qui, pour la plupart, sont fermés depuis deux mois ? On fera en fonction de ce qui sera permis, on s'adaptera. » Le programmateur du festival n'exclut pas, comme d'autres, de tenir un ou plusieurs rendez-vous moins importants à la fin de l'été ou au début de l'automne. « J'aime bien l'idée de devoir se réinventer, d'être créatif face à la crise. Si on parvient à faire quelques soirées musicales, de 50 ou 100 personnes, peut-être que cela fera bouillir la marmite et relancera les petits commerces de proximité. »

 

A Civray, « la colère monte »

 

Pour l'instant, les Heures vagabondes sont maintenues, au moins poiur les dates au-delà du 15 juillet. Le Département de la Vienne attend des précisions. « On a dit que l'on maintenait l'événement, mais on attend ce que va dire le gouvernement dans les prochains jours, confie le sénateur et conseiller départemental en charge de la Culture et de l’événementiel, Alain Fouché. On ne veut pas faire prendre de risques aux communes. Et contrôler une jauge réduite sur ces sites, en milieu rural, c'est compliqué. » En cas d'annulation, le président Bruno Belin a émis l'hypothèse d'une programmation plus soutenue des Heures Bleu de la Vienne, tout au long de l'année. « C'est une bonne idée, mais on ne peut pas non plus en faire 50 ou 60 », nuance Alain Fouché. Se poserait, là encore, la question de la jauge.

 

Calé juste après la mi-juillet, le festival Au Fil du Son est lui aussi dans une position inconfortable. Une incertitude qui commence à agacer Hervé Bernardeau. « La colère monte, on nous laisse le bec dans l'eau. Il faut que les politiques nous fassent rapidement savoir ce que l'on doit faire, qu'on arrête de nous prendre pour des imbéciles ! » Le président ne comprend pas le flou entretenu par le gouvernement sur l'après-15 juillet. « Comment peut-on laisser entendre qu'un festival de 30 000 personnes pourra peut-être avoir lieu quand, dans le même temps, on veut limiter le nombre de fidèles dans les églises jusqu'à la fin de l'été ? Il faut arrêter le cinéma ! » La Ch'mise verte aimerait donc être fixée au plus vite, sans quoi son avenir est clairement menacé. Sans interdiction de la préfecture, elle pourrait perdre près de 500 000€, sur un budget de plus d'un million d'euros. « On pose un ultimatum au 15 mai. Si d'ici là, aucune décision ne nous est communiquée, on arrête tout, on liquide l'association et on met la clé sous la porte. » Ce qui serait un gros coup dur pour le territoire, le festival civraisen étant devenu au fil des ans le plus important de la Vienne (35 000 spectateurs en 2019, ndlr) et le deuxième en Nouvelle-Aquitaine derrière les Francofolies de la Rochelle.

 

Devant cette situation, la Région a, elle aussi, fait le choix de maintenir ses aides à plus de 250 festivals directement touchés par la crise du Covid-19. Mercredi dernier, elle a adressé un courrier au Premier ministre ainsi qu'au ministre de la Culture, dans lequel elle demande des clarifications quant à la tenue des festivals d'été devant se tenir après le 15 juillet. Après un week-end de consultations, le gouvernement devrait apporter ses réponses, mardi, lors de la présentation de son plan de déconfinement.

 

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