Les jardineries prises d'assaut

Les jardineries subissent de plein fouet l’effet confinement avec d’un côté des pertes économiques irrécupérables, et, de l’autre, une appétence décuplée pour le jardinage.

Claire Brugier

Le7.info

A en croire l’affluence actuelle dans les jardineries, on va manger des tomates, de la salade verte et des courgettes du jardin cet été ! Et pour le dessert, ce sera des petits fruits en veux-tu en voilà. « Nous n’avons jamais vendu autant de fraisiers, framboisiers ou encore groseilliers que cette année, constate Olivier Pasgrimaud, directeur de Truffaut, à Migné-Auxances. « C’est un effet du confinement. Tout le monde veut son jardin, pour s’auto-suffire au cas où. On vend beaucoup de légumes, de semences, de petits fruits mais aussi des poules... complète Laurence Coussot, la directrice du magasin Jardiland de Poitiers. Cela ne compensera pas les pertes abyssales dans nos comptes d’exploitation, la période mars-avril-mai étant la plus favorable d’habitude, mais cela donne une note d’es- poir pour nos commerces de demain. »

De nouveaux clients

Ici et là, des règles de distanciation ont été mises en place, notamment un nombre fixe de chariots disponibles pour réguler le nombre de clients à l’intérieur du magasin, le port du masque, obligatoire ou vive- ment conseillé, et le lavage des mains. Ces mesures n’ont pas découragé les jardiniers, sans doute motivés par une météo très favorable. Avec un peu de retard, ils sont au rendez-vous du printemps, pour les plantes comestibles mais aussi pour les fleurs annuelles, pétunias et autres géraniums.
Mieux encore, les professionnels observent avec satisfaction l’arrivée de nombreux nou- veaux clients. Un indice : « On a recommencé à demander les cartes de fidélité, or beaucoup n’en ont pas », note Olivier Pasgrimaud. Autre indice : « On voit les clients qui respectent les plantations, comme les saints de glace, et ceux qui ne savent pas, viennent acheter des outils ou du terreau, souligne Laurence Coussot. Nous avons aussi constaté un afflux de jeunes couples. » Les jardiniers aguerris côtoient donc les novices dans les allées des jardineries, ou sur le Web.

Le confinement et les mesures de distanciation sociale ont fortement encouragé les commandes en ligne. Willemsefrance.fr est désormais « en mesure d’expédier plus de 20 000 colis par semaine » à l’échelle nationale. Plus localement s’est développée la pratique du « click and collect ». Le service existait déjà à Jardiland, pas encore chez Truffaut. « Depuis mi-avril, nos ventes en click and collect ont augmenté de plus de 200%, note Laurence Coussot. Le confinement a eu pour effet d’emmener le client vers ce canal de commandes, au détriment de l’achat en direct. » Seule restriction : « Nous ne vendons pas de plantes. » Pour des raisons de gestion et, indirectement, pour garder le contact. « Le libre-service, ce n’est pas possible en jardinerie », assène, radicale la directrice de Jardiland. « Notre force, c’est le conseil. Or, nous devons le limiter », déplore de son côté Olivier Pasgrimaud. Les jardineries doivent également faire face à des problèmes d’approvisionnement. Elles restent dépendantes des producteurs qui, rappelle Laurence Coussot, « ont été les premières victimes du confinement ».

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