A Poitiers, Théophane Pérot répare vos instruments à vent

Installé depuis un an dans son atelier, place Charles VII à Poitiers, Théophane Pérot œuvre dans la facture d’instrument. C’est-à-dire qu’il restaure, entretient ou répare les instruments à vent. Un métier rare et précieux.

Steve Henot

Le7.info

Théophane Pérot est tombé dans la musique sur le tard, au lycée. Il a d’abord appris à jouer de l’accordéon, avant de s’essayer à la clarinette, en autodidacte. L’instrument qu’il achète alors est en mauvais état, il se résout donc à le « retaper » en investissant cette fois dans un kit de réparation. « Le résultat était catastrophique car c’est avant tout un métier à apprendre, sourit aujourd’hui l’artisan de bientôt 33 ans. Mais ça m’a bien plu. »

Et le voilà aujourd’hui facteur d’instrument. En organologie, ce terme désigne celui qui restaure, entretient ou répare tous les instruments à vent. Saxophones, trombones, etc. « Sauf de l’accordéon, précise Théophane, qui a installé son atelier il y a un an, place Charles VII à Poitiers. Je suis venu ici parce que j’y ai un réseau de copains dans le milieu de la musique, je savais donc qu’il y avait une place à se faire ici. »

Une expérience aux Etats-Unis

C’est au sortir d’études supérieures « plutôt littéraires » que cet amoureux de théâtre s’est décidé à embrasser la voie de l’artisanat. A la grande surprise de sa famille. « Mon métier me permet de garder un pied dans le milieu artistique et de faire un truc de mes dix doigts », explique-t-il. A la rentrée 2009, il démarre un cursus en alternance auprès de l’Institut technologique européen des métiers de la musique (Itemm) au Mans. Et signe « par chance » pour quatre ans -deux en CAP puis deux en BMA- dans la chaîne de vente d’instruments de musique WoodBrass, « dans la même avenue que le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Pairs ». L’expérience le marque au fer rouge. « On voyait beaucoup de monde, du beau monde. Le niveau de réparation était très élevé. A Paris, c’est une course à la qualité. C’est vraiment essentiel d’être formé par des gens qui ont une telle exigence. »

A la fin de son contrat d’apprentissage, Théophane « bosse à droite, à gauche » auprès de réparateurs et de fabricants parisiens. Puis part au Canada pour un an, « pour apprendre l’anglais ». Des retrouvailles avec un ancien camarade de promo, aux Etats-Unis, l’amène à faire la rencontre d’un certain Jack, heureux propriétaire de… 1 500 instruments dans sa maison du Queens, à New-York ! Après deux heures de conversation, le vieil homme lui propose de l’embaucher pour réparer tout son parc instrumental. Théophane s’y attèlera pendant près d’un an, avant de rentrer en France en 2017 et de mûrir ses envies d’entrepreneuriat.

Depuis l’ouverture de son atelier, il n'a « pas eu de répit ! », profitant du confinement pour rattraper son retard. L’activité est très vite repartie et ne devrait pas trop faire les frais de la crise sanitaire. « Je m’étais installé ici avec le souci de minimiser les frais fixes. Et l’essentiel du marché vient des musiciens amateurs. Certains viennent de loin, jusqu'à une heure de Poitiers. »

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