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Guillaume Moulin, 33 ans. Cavalier-voltigeur au Puy du Fou l’été, plombier-chauffagiste à Châtellerault le reste de l’année. Passionné de nature, le futur papa a réalisé un rêve de gosse : faire le show avec des chevaux.
Vous l’avez peut-être croisé cet été au côté de Marguerite. La jeune bergère est l’héroïne de l’animation phare du Puy du Fou : Le Secret de la lance. Guillaume Moulin, lui, fait partie de la troupe de cavaliers voltigeurs capables de réaliser devant la foule des figures aussi spectacu- laires que risquées. Mais lorsque le trentenaire retire son attirail de chevalier, il redevient plom- bier-chauffagiste à Châtellerault. Au sein de l’entreprise Bertucelli, « messire » comme l’appellent certains de ses fournisseurs est responsable de la section maintenance et dépannage. Rien à voir donc. « C’est même rare que 3 000 personnes m’applaudissent pour avoir changé une chaudière », plaisante-t-il. Depuis qu’a débuté cette double vie, il y a trois ans, son patron lui accorde une autorisation exceptionnelle d’absence durant tout l’été afin qu’il puisse vivre sa passion à fond. Et c’est bien ce qu’il fait...
« Tout est globalement maîtrisé... »
Entre Guillaume et la pratique de l’équitation, c’est déjà une longue histoire. Sa mère l’a inscrit chez les bébés cavaliers dès l’âge de 3 ans au centre équestre de l’Eperon, à Naintré. Evidemment, si elle avait su à l’époque que son fils allait prendre autant de risques, pas sûr que Fabienne aurait poursuivi l’initiation... « C’est sûr que je m’inquiète comme toutes les mamans quand je le regarde faire de la voltige, mais je vois bien aussi dans ses yeux qu’il prend beaucoup de plaisir. » Le cordon est coupé depuis bien longtemps. Toutefois, ses parents refusent toujours de le prévenir lorsqu’ils viennent le voir au parc, histoire d’éviter toute pression supplémentaire. Une erreur est si vite arrivée ! « Tout est globalement maîtrisé », assure l’acrobate, sourire en coin, qui repense au jour calamiteux de son casting. Son ami Vido, avec lequel Guillaume apprenait la voltige, l’avait branché sur cette opportunité d’intégrer, comme lui, l’équipe du Puy du Fou. « Ce jour-là, je me suis pris une pelle mémorable, la pire de ma carrière, juste parce que j’avais mal préparé mon équipement. J’avais tellement envie d’y aller et de réussir... La chute était impressionnante mais je suis tout de suite remonté en selle pour recommencer, et je crois que ça leur a plu.»
Bourré d’énergie, le rire facile, le futur papa croque la vie à pleines dents. Formé à la base en pâtisserie et chocolaterie, Guillaume Moulin n’aurait pas supporté de rester enfermé dans un atelier. Il préfère l’air pur et les grands espaces. Avec sa compagne, il s’est installé dans l’ancien centre équestre de Saint-Genest-d’Ambière, près de Lencloître. De là, il aime s’adonner à des balades en forêt sur le dos de son propre cheval, Luso V, 11 ans. Malheureusement, il ne peut pas l’emmener au Puy du Fou pour des raisons sanitaires. C’est le tout premier qu’il a pu s’offrir en provenance directe d’Andalousie. Et avant ? Son grand-père lui avait acheté un poney lorsqu’il a compris que le petit accro- chait bien. « On n’était pas riches mais on avait de la place et de quoi le nourrir. Finale- ment, c’était moins cher d’en avoir un que de prendre des cours toutes les semaines. »
Défenseur de la cause animale
Plus tard, il pratique le pony-games et le horse-ball. « J’ai toujours préféré jouer avec le cheval plutôt que de le contraindre par le dressage. » Guillaume défend la cause animale, comme on dit aujourd’hui. Autant dire que la corrida et le steak de cheval n’obtiennent pas ses faveurs. Antonia ne finira pas non plus à la boucherie, foi de voltigeur ! C’est la jument qu’il vient d’acquérir. « Le centre équestre où elle était ne pouvait rien en faire. Elle est caractérielle, comme moi ! » Avec Marine, une amie de la famille, il la fait « travailler » comme on dit dans le milieu. « Il faut comprendre les animaux, prendre le temps et les pousser vers ce qu’ils aiment faire, pas les obliger. » D’elle-même, cette jument de 10 ans effectue déjà le pas espagnol pour impressionner ses adversaires. Bientôt, elle fera peut-être la révérence, et pourquoi pas de la voltige.
Lui, inutile de le pousser bien loin pour qu’il fasse le show. Guillaume adore notamment le théâtre. « Quand je joue un Anglais, je dois faire le méchant et cracher par terre ! Dans certaines scènes, on peut interagir avec le public, c’est génial ! » Et la chute ? « Elle fait partie du spectacle ! » En cette année de Covid-19, les gradins étaient moins pourvus, au grand regret de Guillaume qui se sent « porté par le public ». Le masque était obligatoire en combats rapprochés « même quand il faisait chaud ! ». Mieux vaut être passionné. Et au Puy du Fou, tous les acteurs comme lui le sont. Sans oublier les bénévoles qui participent tous les soirs à la cinéscénie. Pour rien au monde il abandonnerait cette chance. Sauf si son corps l’exige. Au crépuscule de la saison estivale, le chevalier de Saint-Genest a réendossé l’uniforme de plom- bier-chauffagiste. Sa double vie est bien rôdée.
Crédit photo : DRÀ lire aussi ...
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