Commerces : pas de petite solution

Contraints de fermer leurs portes, les commerces n’ont d’autre choix que de se réinventer. On n’en est certes pas au e-commerce pour tous mais Internet s’impose comme essentiel pour garder le lien avec la clientèle.

Claire Brugier

Le7.info

Livraison à domicile, retrait en magasin, visite virtuelle sur rendez-vous via des lives Facebook… Echaudés par l’expérience du premier confinement, les commerçants n’ont de cesse de se réinventer, de surcroît à l’approche des fêtes de fin d’année. L’allocution du Premier ministre le 12 novembre a douché leurs espoirs de réouverture dans des conditions normales. Alors ils s’adaptent, avec le soutien des collectivités. 


Selon les communes, des panneaux d’affichage 4x3m viennent parfois compléter une communication essentiellement numérique. Depuis le 6 novembre, les commerçants, artisans et petits producteurs de Grand Poitiers ont ainsi leur vitrine Web, 
maboutique.grandpoitiers.fr. Sur le site de Grand Châtellerault, un onglet « consommez local » permet de retrouver les commerces accessibles. Jaunay-Marigny dresse sur sa page Facebook la liste des solutions alternatives. L’association Châtellerault ça bouge invite les commerçants à se présenter via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.


De son côté, la Région a lancé un Appel à manifestation d’intérêt pour inciter les plateformes d’e-commerce à proposer des tarifs préférentiels aux commerçants, artisans et petits producteurs. Une idée également développée par des agences comme les Comnambules, en faveur des commerçants de Poitiers et alentours. « Nous leur proposons de co-construire leur site d’e-commerce en 8-9 jours »,
explique la co-gérante, Sabrina Redaouia.


Du click au 
call and collect

Ici et là, les initiatives se multiplient pour accompagner ceux que la crise sanitaire a précipité sans sommation dans l’ère du digital. Mais on est encore loin d’une généralisation du e-commerce. Les fiches pratiques qui ont fleuri sur les sites du gouvernement, de la Chambre de commerce et d’industrie (opération « SOS numérique commerce ») ou encore de la Chambre de métiers et de l’artisanat trahissent ce constat. De fait, seule une TPE française sur trois aurait amorcé sa transition numérique. Pour les semaines à venir, il est déjà trop tard. Le click and collect se transforme donc souvent en call and collect. 


Visibilité

« Depuis quelque temps, nous avions installé le paiement en ligne sécurisé, il ne restait plus qu’à l’activer, note Catherine Guenser, gérante de La Librairie à Châtellerault. Le client reçoit un lien par mail. » Peut-être bientôt pourra-t-il commander en ligne… En attendant, Internet et Facebook servent de vitrine. « Même si cela ne remplace pas les visites en boutique, cela permet de garder le lien. » Dépourvue de site, Anne-Laure de Kermel a elle aussi investi les réseaux sociaux. « Lors du premier confinement, j’étais plus en mode communication. Là, je m’en sers pour présenter des produits », explique la gérante d’Astuces de cuisine, à Poitiers. 


« Il est important, dans un premier temps, de rendre disponible l’information, analyse Pierre-Marie Moreau, le président de Poitiers Le Centre.  Il ne faut pas mélanger urgence et précipitation. » A moyen terme, l’association et la Ville de Poitiers réfléchissent à un market place mais « plutôt sous la forme d’un regroupement de sites d’e-commerce où chaque acteur pourra alimenter sa propre vitrine commerciale ». A Grand Châtellerault, on s’apprête à franchir le pas. Une plateforme sera lancée début décembre. « Chaque commerçant, artisan, producteur ou métier de service pourra y avoir sa page », explique Arthur Manceau, le manager de commerce de la Ville. 


Voilà pour le « click ». Pour le « collect », plusieurs communes envisagent des lieux mutualisés. La fédération des acteurs économiques de Montmorillon s’apprête à en ouvrir un ; Poitiers y songe… Ponctuellement, les commerçants s’organisent entre eux. « Cela permet d’étendre les créneaux horaires de retrait », note Anne-Laure de Kermel, encline à accepter la proposition d’une commerçante amie. A Châtellerault, Monoprix met à disposition un espace.

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