Les Filles pour les nuls

Le Regard de la semaine est signé Delphine Roux.

Le7.info

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A la manière des éditions First, voici Les Filles pour les nuls !

1er jour à la 10e année. Une fille naît. C’est un bébé qui ressemble à un garçon, a la même odeur et qui empêche de dormir aussi. « C’est votre premier ? Ah ! ». Voilà tout est dit. Puis la fille grandit, elle fréquente la même crèche et la même école que ses congénères masculins. Elle les aime, joue avec eux, les embrasse comme des frères. En CM1, la fille change, son corps évolue discrètement mais suffisamment pour susciter les commentaires des papis, « t’as les tétés qui poussent », agrémentés d’un sourire idiot ou les sarcasmes des camarades, « Ah ah, on va bientôt te voir chez Jacquie et Michel ! ». La fille prend l’habitude de croiser ses bras autour de son corps et de se voûter, juste un peu.

10 à 20 ans. De la 6e à la terminale, elle se sera fait traiter X fois de pute, pisseuse, suceuse, partouzeuse, salope… par ses congénères mâles et/ou femelles. Entre 10 et 20 ans, la fille, pour être forte, se travestit en garçon en adhérant au groupe ou bien s’émancipe complètement, se teint les cheveux en bleu et vit « la vie d’Adèle ». Elle aura prouvé, argumenté, pleuré, crié, douté… pour comprendre ce qu’elle est et accepter qu’elle n’y pourra rien changer.

20 à 30 ans. La fille découvre que le « G » ne vaut pas seulement deux points au Scrabble©, mais qu’il est aussi un point de son anatomie plutôt sympa à atteindre. Elle découvre ce que l’on ne lui a pas appris sur elle-même, à savoir sa propre sexualité, ses envies et son pouvoir sur les cerveaux reptiliens. Toute-puissante, elle est redoutable !

30 à 40 ans. Elle fait des bébés parce que c’est le moment, tout le monde le lui dit. Elle commence une carrière, mais les bébés sont un frein, on le lui reproche. Faudrait savoir ! A peine sur la ligne de départ, ses semelles s’ankylosent et ses camarades masculins de crèche la doublent sur la piste, ceux-là même qui la traitaient de pute, la laissent les cheveux au vent, le teint cireux et une tache de purée de carottes sur le chemisier. Pause dans sa vie à tous les niveaux.

40 à 60 ans. Elle se met au running, comme beaucoup de quadras ! C’est trendy, ça ne coûte rien et c’est la seule activité intense possible pour supporter les adoléchiants et les collègues. Fulgurante, elle se libère de tout, fonce et ne se retourne pas. Elle divorce, se remarie parfois, se met au libertinage, redéfinit ses champs d’action, s’engage dans la Res Publica de différentes façons. Toute-puissante, elle est dangereuse ! La suite ? Je n’en sais pas davantage, à vous de me le dire…

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