Aides au logement : les perdants de la réforme

Depuis le 1er janvier, les modalités de calcul de l’Aide personnalisée au logement (APL) ont changé pour mieux coller aux revenus des allocataires. Une réforme que dénoncent certaines familles dont les APL ont fondu comme neige au soleil. Explications.

Arnault Varanne

Le7.info

Victoria, son compagnon et leurs deux enfants habitent Gizay, entre Gençay et La Villedieu-du-Clain. Depuis sept ans, ils louent une maison de 80m2 au bailleur social Immobilière Atlantic Logement. Jusqu’à quand ? La mère de famille vient d’apprendre avec stupeur que l’Aide personnalisée au logement (APL) qu’elle touchait passerait dès février de 350 à 60€ par mois. « Sur 500€ de loyer, précise-t-elle. J’ai appelé ma banque pour faire opposition sur le prochain prélèvement automatique. On était déjà en découvert autorisé. Je suis désemparée... » C’est la conséquence directe de la réforme de l’aide au logement, entrée en vigueur le 1er janvier.

L’angoisse monte

Le calcul des aides se fait désormais non plus sur les revenus à N-2 mais sur ceux des douze derniers mois, pour mieux coller à la situation des bénéficiaires en temps réel. Sauf que si beaucoup y gagnent (étudiants, personnes précaires dont les revenus ont baissé...), la réforme fait aussi des victimes collatérales... comme Victoria. « Jusqu’au début de l’année 2020, j’élevais mes enfants. Puis j’ai repris des activités en intérim car je pouvais me déplacer, détaille la mère de famille. J’ai gagné 4 000€ sur l’année. Et avec cette réforme, je vais en perdre plus de 3 000, alors que mon compagnon ne gagne qu’un peu plus que le Smic ! » En colère, Victoria a appelé la Caisse d’allocations familiales qui lui a donné rendez-vous le 23 janvier en lui indiquant que « la situation n’est pas figée ». En attendant, la Poitevine angoisse, même si la réforme prévoit une actualisation tous les trimestres.

« Une meilleure prise en compte »

Ekidom a estimé que deux cents de ses locataires risquaient, eux aussi, d’y laisser des plumes. « Et encore, tous les fichiers n’ont pas encore été actualisés par la Caisse d’allocations familiales, indique le service communication. Nous allons prévenir nos locataires pour ne pas générer des impayés derrière. » Une réunion en visio est prévue cette semaine entre la direction de la Caisse d’allocations familiales (Caf) et les bailleurs sociaux de la Vienne. La Caf de la Vienne, justement, estime que la réforme des APL « prend mieux en compte en temps réel les évolutions de vie ». Céline Hirel, directrice adjointe, estime au-delà que « le calcul tient compte des ressources, de la situation professionnelle mais aussi de la composition des foyers ». Et invite les allocataires à « bien vérifier si les données sont exactes sur caf.fr ». L’organisme reconnaît cependant « un grand nombre d’appels d’allocataires qui cherchent à comprendre ». Victoria, elle, a créé la page Facebook « Tous unis contre la réforme des APL » pour fédérer tous ceux qui se sentent floués par le nouveau mode de calcul.

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