Tribunal de commerce : « Les aides de l’Etat ont été efficaces »

A 69 ans, Claude Vallat (ex-dirigeant de Citergaz à Civray) prend les commandes du tribunal de commerce de Poitiers dans un contexte de crise sanitaire et économique aux conséquences encore incertaines. Son credo : prévenir les difficultés des entrepreneurs.

Romain Mudrak

Le7.info

En 2020, le nombre de liquidations et de redressements judiciaires a chuté de 60%. Comment analysez-vous ce chiffre en pleine crise sanitaire ?
« Les ouvertures de procédures collectives ont été effectivement moins nombreuses. C’est logique pour deux raisons. D’abord, les organismes comme l’Urssaf ou le RSI, chargés de collecter les cotisations sociales, ont décidé de suspendre les assignations pour non paiement. Ensuite, un certain nombre d’entreprises ont bénéficié d’aides de l’Etat et des collectivités, chômage partiel et exonérations. Ces aides ont été efficaces. »

Quels risques pèsent sur les entreprises en 2021 ? Le pire est-il à venir ?
« Je ne me hasarderai pas à faire de prévisions. Tout dépendra des décisions prises par l’Etat. Ces aides ont souvent pris la forme d’avances ou de prêts. Ces dettes devront donc être remboursées tôt ou tard. La vision optimiste consiste à dire qu’elles seront annulées car la problématique est la même dans tous les pays. Je m’en remets à la sagesse de ceux qui nous dirigent. D’autre part, je crains que les habitudes de consommation aient changé avec la pandémie, les confinements et le couvre-feu. Autrement dit les gens consomment moins, ce qui pourrait ralentir l’activité de beaucoup d’entreprises. »


« La faillite a toujours été honteuse »

L’Apesa86, émanation du tribunal de commerce, propose un accompagnement psychologique des entrepreneurs. C’est un enjeu actuellement ?
«  On parle de gens au bord du suicide. Il faut ce genre de dispositif pour les aider. Notre rôle à tous est de signaler les chefs d’entreprise qui connaissent des difficultés à l’Apesa86(*) pour que cette structure les contacte. Ensuite, le suivi repose sur le volontariat. »

Vous dites aux dirigeants d’entreprise : « On est là pour votre bien ! » Ce message est-il difficile à faire passer ?

« Historiquement en France, la faillite a toujours été honteuse. Le dirigeant était pris en défaut. Aujourd’hui, on parle de procédure collective, de dépôt de bilan… Mais on a beaucoup de mal à sortir de la punition, alors que le tribunal de commerce fait d’abord de la prévention. Dès que la situation se dégrade, les entrepreneurs doivent venir nous voir très vite pour trouver une solution. »

Vous souhaitez par ailleurs développer les modes alternatifs de règlement de différends. De quoi s’agit-il ?

« L’idée consiste à trouver un accord à l’amiable à l’aide d’un juge conciliateur plutôt que de finir au tribunal. C’est valable pour les petits litiges de 3 à 4 000€ et les différends commerciaux, de l’ordre du contractuel. »

(*) La plateforme est joignable au 0805 65 50 50 (N° vert) ainsi que sur contact86@apesa-france.com

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