Ecole - « Les directeurs sont en première ligne »

Depuis la rentrée, Stéphane Bocquier occupe la fonction (originale) de directeur vie scolaire au sein de l’Académie. Entre protocole sanitaire, relations avec les parents et contraintes juridiques, il partage son expérience avec ses pairs dans cette période de crise.

Romain Mudrak

Le7.info

Vous avez un rôle d’appui aux directeurs(-rices). Sur quoi vous interpellent-ils ?

« Je n’ai pas de lien hiérarchique, ni avec les autres directeurs, ni avec les inspecteurs de circonscription. Je suis dans un rapport de confiance. J’ai reçu 
4 213 e-mails depuis la rentrée et de nombreux coups de fil. On aborde ensemble les questions liées au protocole sanitaire bien sûr, aux remplacements mais aussi aux signalements dans le cadre de la protection de l’enfance, à la gestion des conflits au sein de l’équipe, avec les collectivités ou encore à la prise en charge des élèves perturbateurs. Les directeurs sont toujours en première ligne. Les nouveaux bénéficient d’une formation de quelques semaines, mais cette année, toutes les formations sont mises à mal par le contexte sanitaire. Je m’attache particulièrement à leur suivi. »

De quelle manière concrètement ?

« Très vite, je me suis demandé ce qu’il m’avait manqué en tant que directeur. J’ai donc créé un espace dédié aux ressources sur notre intranet avec un fil d’information, un forum et une foire aux questions. 305 des 
320 directeurs d’écoles de la Vienne l’ont déjà rejoint. »

Quelles ont été vos motivations pour candidater à ces fonctions nouvelles dans l’Académie ?

« Cette proposition spontanée du Dasen Thierry Claverie est arrivée après le suicide de Christine Renon, directrice à Pantin. Une réflexion s’était engagée. Il voulait un pair parmi les pairs. Moi-même directeur de plusieurs écoles primaires de quatre à onze classes depuis vingt ans, j’ai voulu mettre mon expérience au service de mes collègues. Cette mission entre en résonnance avec des besoins du terrain et prend une autre amplitude aujourd’hui avec le contexte sanitaire qui s’ajoute aux mesures Vigipirate. L’empilement des responsabilités est chronophage et anxiogène. »

Quels services rendez-vous aux directeurs dans le contexte actuel ?

« J’apporte d’abord de la réactivité face aux demandes. Lorsque le protocole a changé pour les maternelles la semaine dernière, je l’ai transmis immédiatement. Et puis je suis en lien direct avec le service juridique du rectorat. »

Les directeurs expriment-ils des craintes face à la suite de l’épidémie ?

« La perception de la maladie est individuelle. En revanche, la grande majorité des directeurs ne souhaitent pas la fermeture des écoles. On voit les dégâts suscités par le premier confinement. Les questions portent davantage sur l’impact futur des élèves et des familles. Ils ont le sens du service. Il n’y a pas eu vraiment de césure depuis le printemps. J’ai reçu beaucoup d’appels à la Toussaint sur l’hommage à Samuel Paty. Cette pression est palpable. Beaucoup se demandent s’ils vont continuer la direction d’école. Même les plus chevronnés s’épuisent. Cela pourrait poser des problèmes de recrutement. »

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