Sorties cinéma : le casse-tête des distributeurs

Fermés depuis plus de six mois, les cinémas vont rouvrir. Mais l’embouteillage des sorties se profile. Directeur de la programmation chez Gaumont, Thierry Laurentin témoigne de la complexité à établir un planning dans le contexte actuel.

Steve Henot

Le7.info

La réouverture des salles de cinéma s’organise. Après six mois sous cloche, exploitants et distributeurs entrevoient enfin le bout du tunnel. « Cette période a été très, très mal vécue par l’ensemble de la profession, convient Thierry Laurentin. Depuis fin octobre, on n’a pas arrêté de faire et de défaire des calendriers, d’envisager des dates souvent contredites par la réalité sanitaire. »

Après treize années à la direction des ventes de Mars Productions, le Deux-Sévrien a été nommé en septembre dernier directeur de la programmation chez Gaumont. « Je n’ai pas encore pu beaucoup travailler… », grince celui qui possède une maison à Saint-Benoit, près de Poitiers. Thierry Laurentin n’a même pas pu savourer le succès d’Adieu les cons (720 000 entrées en neuf jours), lequel a été rapidement contrarié par le reconfinement du 30 octobre. C’est en toute logique que le film d’Albert Dupontel, depuis récompensé de sept César, sera de retour à l’affiche pour la réouverture.

Une promo à anticiper

Reste qu’avec pas moins de 400 films en salle d’attente, l’embouteillage est à prévoir. « A Gaumont, nous en avons une dizaine qui sont prêts, confie Thierry Laurentin. On va les sortir paisiblement, méthodiquement, pas plus d’un toutes les trois semaines. Au rythme d’un par semaine, cela revient à tuer les films. » Il sera pourtant difficile de tous les faire exister. Les professionnels se concertent actuellement pour tenter d’échelonner les sorties. « Un vœu pieu mais très difficile à réaliser. »

Car il ne s’agit pas de cocher une seule date, mais aussi de s’assurer de la disponibilité des acteurs pour assurer la promotion. Le prochain OSS 117 a ainsi été calé au 26 août, selon l’agenda de son acteur principal, Jean Dujardin. « Il va falloir créer de l’événement en peu de temps, ce qui rend la tâche beaucoup plus complexe. » D’autres films connaîtront, eux, une deuxième campagne promotionnelle. C’est le cas de Aline, qui a été diffusé en avant-première dans plusieurs cinémas (dont le CGR Buxerolles, le 15 octobre), sans finalement pouvoir sortir en salles. « On s’organise pour réinventer une promo, comme si tout ce qui s’était passé n’avait pas eu lieu. Ce n’est pas simple mais on s’y emploie. »

Thierry Laurentin se montre néanmoins confiant sur la reprise et sur un retour rapide du public au cinéma. « Contre toute attente, la parenthèse de juin à octobre 2020 a affiché une explosion des entrées, avec très peu de films américains. » D’autant que le report vers les plateformes de VOD n’a pas convaincu. « Elles ont davantage profité aux séries qu’aux films, observe le professionnel. Le cinéma reste une expérience à part, qui fascine toujours. »

 

Retrouvez Thierrry Laurentin demain midi, dans l'épisode 14 de notre format vidéo "7 à la Une", diffusé sur notre page Facebook

DR - Gaumont

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