Des matériaux très convoités

Depuis quelques semaines, la pénurie mondiale de matériaux est ressentie à une échelle très locale dans le secteur du bâtiment. Elle s’accompagne d’une hausse des prix et d’un allongement des délais qui pourraient avoir de sérieuses répercussions économiques.

Le7.info

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L’engouement des particuliers pour la rénovation de leur logement, encouragé par les confinements successifs, pourrait prochainement se trouver face à un mur. Selon une étude de Batiactu, il restait en 2017 encore 20 millions de logements à rénover en France d’ici 2050. Mais la pénurie de matériaux qui affecte le secteur du bâtiment à l’échelle mondiale a déjà des répercussions localement. C’est l’effet papillon dans le domaine du BTP. La pénurie de bois est particulièrement inquiétante. « Donald Trump a mis en place des taxes prohibitives sur le bois du Canada, ce qui fait que les entreprises américaines s’approvisionnent massivement en Europe », analyse Jérôme Beaujaneau. A cela s’ajoute l’effet de relance, aux Etats-Unis mais aussi en Chine. "Cela déséquilibre le marché. » Les produits métallurgiques, chimiques, les vitrages ou encore le béton ne sont pas davantage épargnés.

Le président de la fédération du bâtiment de la Vienne (FFB86) se fait donc l’écho des inquiétudes grandissantes d’un secteur d’activité qui pensait renouer avec la croissance à la sortie du premier confinement. A l’échelle nationale, la FFB prévoyait un rebond de 11,3% en volume en 2021. Mais « depuis environ un mois et demi, la pénurie de matériaux génère une hausse des prix conséquente. » En tant qu’entrepreneur, Jérôme Beaujaneau l’observe au quotidien. Exemple à l’appui. « Je viens de recevoir un devis pour des sections de câble à 1,10€/m, alors que je les payais 0,59€/m avant. Nous ne pouvons pas travailler à perte, nous sommes obligés de répercuter la hausse sur les devis. » Sans oublier les problèmes d’approvisionnement. « Les délais s’allongent. » De plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Cela peut remettre en question les projets et en péril l’activité des entreprises », alerte le président de la FFB86.

« On attend de 
se faire livrer »

Responsable d’Illico travaux à Poitiers, Xavier Thiaudière enregistre toujours de nombreuses demandes de devis. « Extensions de cuisine, salles de bain, piscines… Les gens veulent pousser les murs », remarque-t-il. Mais, parallèlement, « la pénurie de matériaux commence à se répercuter et les délais s’allongent, sur tout ce qui est bois, meubles notamment, mais aussi sur les vitrages, les rails à placo…, énumère le courtier en travaux. Certaines entreprises qui ont un peu de trésorerie font des stocks pour pouvoir répondre aux demandes cet été, ce qui n’était pas le cas avant. »

« On n’a pas le choix, il faut rentrer du stock sur tous les chantiers, confirme Severina Vilneuve. On passe commande à nos fournisseurs et on attend de se faire livrer… », poursuit la dirigeante d’Atereno, à Sèvres-Anxaumont. L’attente est incertaine. « Pour des menuiseries PVC, on comptait cinq semaines pour la livraison, aujourd’hui c’est sept à huit. Pour l’alu on est passé de huit à douze semaines.  Mais le plus impacté, c’est le bois. Actuellement il est très compliqué de trouver certaines pièces de charpente. L’OSB4, c’est quasiment mission impossible. » Les exemples sont nombreux. « Pour le moment on absorbe la hausse des prix.  On s’adapte mais on ne pourra sans doute pas le faire à chaque fois. » Les trésoreries ne sont pas extensibles.

 

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