Guillaume Perchet : « Un programme pour les luttes à venir des travailleurs »

A quelques jours des élections régionales, Le 7 donne la parole aux huit têtes de liste en Nouvelle-Aquitaine. Sixième volet avec le candidat de Lutte ouvrière, Guillaume Perchet.

Le7.info

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Quelle serait votre première mesure si vous étiez élue à la tête de la Région ?
« Si nous étions élus à la tête de la Région, nous publierions toutes les subventions reçues par les entreprises de la Région ces dernières années, ainsi que tous les contrats dont ont bénéficié les trusts du BTP grâce aux finances du Conseil régional. Nous démontrerions ainsi qu'à l’image de l’État, les Régions sont des vaches à lait pour les capitalistes. Ainsi, à Bordes dans les Pyrénées-Atlantiques, l’usine Turboméca, filiale du groupe multimilliardaire Safran, a reçu 20M€ de subventions pour son « usine du futur ». Cela n’a pas empêché Turboméca de licencier les intérimaires et les sous-traitants pendant la crise, et Safran de faire des centaines de millions de profits. Avant de mettre la clé sous la porte, Ford a reçu 50M€ de cadeaux des collectivités locales. Il en va de même des grands travaux entrepris par la Région. Il y a bien des travaux nécessaires à réaliser, des bâtiments, des routes à construire. Mais si ces travaux sont d’utilité publique, pourquoi ne sont-ils pas réalisés à prix coûtant ou en embauchant directement les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs pour les faire ? En réalité, ces grands travaux, comme les subventions, financent d’abord les fortunes de quelques grands patrons. »

Qu’est-ce qui vous sépare ou vous rapproche, fondamentalement, du président sortant ?
« Rien ne rapproche les candidats de notre liste du président sortant. Nous sommes 207, travailleuses, travailleurs, retraités des couches populaires, qui entendons défendre les intérêts spécifiques du monde du travail. Le président sortant est comme tous les représentants des partis de gauche, de droite ou d’extrême-droite, au service du grand patronat local. Il défend le « développement économique » de la région, en réalité le développement des profits des actionnaires des grandes entreprises. On voit bien avec les Fonderies du Poitou que subventionner les entreprises ne signifie pas créer, ni même maintenir des emplois. Les entreprises font ce qu’elles veulent. Et pour avoir de l’argent public, quand les Régions ne sont pas consentantes, les grandes entreprises recourent au chantage et les mettent en concurrence. Nous pensons qu’il faut au contraire contraindre les entreprises, prendre sur les profits pour créer des emplois, là où ils sont nécessaires, dans les hôpitaux, les écoles, les transports en commun, en répartissant le travail. Ce programme est un programme pour les luttes à venir des travailleurs. L’approuver en votant Lutte ouvrière, c’est déjà affirmer qu’on pense qu’une telle répartition du travail est nécessaire. »

Les compétences du Conseil régional sont assez peu connues des habitants. Comment serait-il possible de mieux les faire connaître ?
« Le Conseil régional est, en ce qui concerne les problèmes essentiels des travailleurs, l’emploi, les salaires, les services publics, impuissant. On le voit bien avec les Fonderies du Poitou. Ce sont les conseils d’administration des trusts, comme Renault, qui imposent leur loi. Quant à la Région, elle est fondamentalement un rouage de ce même État qui a démontré pendant cette crise qu’il était au service exclusif de la classe dominante, la classe capitaliste. Aux dizaines de milliards déversés par l’État, qui ont permis aux actionnaires de sauver leurs fortunes et à la Bourse de battre de nouveaux records, la Région a ajouté des dizaines de millions. Mais pour les travailleurs, cela a été licenciements, chômage partiel, salaires amputés. Comment vivre avec 84% du salaire net quand on a un petit salaire, quand on perd en même temps les primes qui font un complément indispensable. Dans la Région, 80 000 travailleurs ont perdu leur emploi pendant la crise, 20 000 n’en ont pas retrouvé dont plus de 2 500 dans la sous-traitance aéronautique, alors que les grands patrons de cette filière ont reçu 15Md€ de subventions et ont annoncé, comme Safran et Dassault, des centaines de millions de bénéfices. De la gauche à l’extrême-droite, tous veulent se mettre au service du patronat local. Le seul vote utile pour les travailleurs est le vote Lutte ouvrière pour faire entendre leur camp, affirmer que les ouvriers, les employés de la santé, de l’enseignement, des usines et des magasins, ceux qui font tourner toute la société, doivent la diriger. »

Quelles compétences souhaiteriez-vous décentraliser ?
« Toutes les décisions importantes devraient être entre les mains de la population et des travailleurs. Il faudrait pour cela qu’ils puissent contrôler non seulement l’activité du Conseil régional, mais surtout l’activité des décideurs, des entreprises, en particulier des plus grandes d’entre elles. Sans un tel contrôle, les riches continueront à faire la pluie et le beau temps, à licencier, à déplacer les usines au gré de leurs profits, à comprimer les salaires et nos vies. Il est vital pour le monde du travail de leur retirer ce pouvoir et d’imposer que ses intérêts passent avant ceux des capitalistes et des riches. »

Au-delà de la décentralisation, qu’est-ce qui pourrait fédérer cette Région, rassembler tous les territoires autour d’une identité régionale ? Un événement culturel ? Ou sportif ?
« Ce qui pourrait fédérer les travailleurs de la Région, et au-delà, c’est une lutte d’ensemble pour empêcher par exemple la fermeture des Fonderies du Poitou. Pour cela, il faudrait aussi s’attaquer au donneur d’ordre, Renault, et prendre sur les 24Md€ accumulés ces dix dernières années par ses actionnaires pour répartir le travail, faire en sorte que tout le monde conserve son emploi et son salaire. S’il y a moins de travail, qu’on travaille moins mais qu’on travaille tous. Il y a de l’argent pour cela. Les travailleurs doivent passer d’abord, avant les profits des actionnaires ! »

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