Lydia Gremillet en mode combative

Lydia Gremillet. 45 ans. Poitevine malgré elle. Présidente-fondatrice du Comité Miss Formes divines France. Altruiste. Militante de la différence. Devenue conseillère en image sur le tard. Enfin !

Le7.info

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Sous l’escalier, le bureau a quasiment disparu sous les crayons, papiers, pinceaux, carnets qui entourent à gauche un ordinateur, à droite un chevalet. « Il faudrait pouvoir pousser les murs ! », lance Lydia Gremillet tout sourire. Pousser les murs, faire tomber les barrières, cette battante l’a toujours fait. « J’ai travaillé très jeune », explique-t-elle, comme pour justifier ce besoin de toujours agir, le plus souvent pour les autres.

Née à Dreux il y a quarante-cinq ans, Lydia a grandi dans un petit village d’Indre-et-Loire, au-dessus de la boulangerie familiale. « Dans » serait presque plus exact car l’apprentie boulangère n’a jamais compté les heures englouties dans la boutique ou à faire les tournées de pain. Elle était en 6e quand sa mère a connu des problèmes de santé. « Pendant trois mois, j’ai aidé mon père à la boutique et je me suis occupée de ma petite sœur, elle avait 2 ans et demi. Et puis, l’année suivante, on a vendu la boulangerie. » Le « on » est lourd d’implication. Originaires de Loudun, ses parents sont revenus s’y installer.

Un avenir contrarié

Lydia a donc fréquenté très tôt l’école de la vie, alors l’autre… « Le collège ne me convenait pas, j’avais une maturité qui ne collait pas », avance-t-elle à mots feutrés. Mais il y avait autre chose. « Quand j’avais 
12-13 ans, un médecin du sport a dit que j’avais 5-6kg en trop et il m’a prescrit de l’Isoméride (ndlr, retiré de la vente en 1997). Résultat : j’ai pris 45kg, que je n’ai jamais perdus. Ils sont ancrés ! Ils sont là ! Pourtant je mange équilibré, je fais du sport. » Les 45kg jouent l’incruste. « J’en ai beaucoup souffert, jusqu’à mes 18 ans. Je pense que la différence est plus difficile à vivre à la campagne. J’ai été harcelée, je me suis fait traiter de grosse vache, on m’a craché dans les cheveux dans le bus, j’ai vécu la cantine toute seule… » La liste semble interminable. « J’ai du caractère, alors je n’ai pas abandonné. » Mieux encore, pour aider d’autres femmes à s’assumer, elle a créé le Comité Miss Ronde Poitou-Charentes. Et quand le comité national a sombré, elle a fondé le Comité national Miss Formes divines. « Ce n’est pas juste un concours de miss. Et il ne s’agit pas de revendiquer l’obésité -ce n’est pas bon pour la santé- mais de prôner la différence. Accepter ce qu’on est, ce n’est pas tomber dans le lâcher-prise. Au contraire, c’est prendre soin de soi. » 
En 1992, après avoir emménagé à Poitiers avec sa mère et sa cadette, la jeune fille change de voie et, grâce à des amitiés bienveillantes, s’assume. « Dans le quartier (ndlr, Saint-Cyprien), j’ai trouvé de véritables amis et pas les enfants terribles des cités que l’on décrit. Ils me disaient que j’étais ronde mais belle, alors je me suis détachée de mon poids, confie-t-elle. A partir de là, je ne me suis jamais rien interdit, la piscine, les boîtes de nuit… Les métiers de la mode me semblaient toujours inaccessibles, alors j’ai fait des petits boulots. Puis j’ai repris une formation de conseillère clientèle."

Persévérante

Pendant quelques années, Lydia travaille dans cette branche, jusqu’à ce qu’on lui diagnostique une maladie auto-immune (Behçet). En invalidité, elle se met en pause, laisse parler son désir d’enfant. Mais là encore, on lui renvoie son poids à la figure. Docile, elle fait une cure d’amaigrissement à Pouligny. En 2004 naît sa fille unique. « Tout ce qui n’est pas chouette dans ma vie m’a amenée à faire ce que j’ai fait, constate-t-elle avec philosophie. Alors bien sûr il y a des choses dures, mais si je pouvais choisir je ne changerais pas tout. »

« Deux ans après, ça m’a repris : j’ai passé un bac accueil assistance conseil en alternance. » Suivent sept ou huit ans derrière un bureau de l’ANPE, puis un bilan de compétences lui désigne à nouveau les « métiers de la mode ». L’ANPE lui refuse une formation de conseillère en image mais, sans doute parce qu’elle est « un peu têtue », elle accède malgré tout à l’Idri, à Paris, avec dans l’idée de mettre ses nouvelles compétences au service du Comité Miss Ronde Poitou-Charentes. « Je me suis tout de suite sentie à ma place dans cette école. J’ai réalisé que c’était le monde dans lequel j’aurais dû évoluer… »

Aujourd’hui en invalidité et affectée par ces longs mois de désœuvrement imposé, la coquette quadragénaire s’interroge. « J’ai eu une vie fatigante. Je me suis beaucoup occupée des autres, je crois que j’ai envie de m’occuper de moi »,
 confesse-t-elle. Preuve que le processus est enclenché, depuis quelques mois elle a enfin osé se lancer dans la peinture et elle envisage de proposer, sous forme associative, des ateliers d’auto-maquillage. Elle aimerait aussi, un jour prochain, emménager au bord de la mer parce que, confie-t-elle, « je n’ai pas vraiment choisi de vivre à Poitiers ».

Les inscriptions pour le concours Miss Formes divines 2022 sont en cours. Plus d’infos sur miss-formes-divines-france.fr ou Facebook Comité Miss Formes Divines France.

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